Dans la nuit du 13 au 14 mai, des « individus cagoulés ont dégradé le Mur des Justes ainsi que d'autres lieux du quartier (crèches, écoles, boutiques... ndlr) », déclare sur son site internet le Mémorial de la Shoah. Au petit matin, plusieurs agents de sécurité du site parisien ont découvert des mains rouges peintes sur le Mur des Justes, où sont inscrits les noms de 3 900 hommes et femmes ayant contribué à sauver des Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Les traces ont été effacées le jour même. Sur X (ex-Twitter), le maire de Paris Centre Ariel Weil s'est indigné : l'acte de vandalisme a eu lieu le jour même de l'anniversaire de la « rafle du billet vert » à Paris. Le 14 mai 1941, près de 3 700 Juifs de la région parisienne sont arrêtés, puis internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Ils furent ensuite déportés au camp d'Auschwitz-Birkenau. « Cet événement préfigure la rafle du Vel' d'Hiv où de nombreux enfants seront arrêtés avant d'être exterminés », poursuit Ariel Weil. Le Mémorial de la Shoah a fait savoir qu'une plainte avait été déposée et que l'enquête de police était toujours en cours. « Dans un climat de montée de l’antisémitisme, nous sommes indignés par cet acte lâche et haineux, quels que soient les auteurs et la signification de ces "mains rouges" taguées », écrit l'institution dans un communiqué. Le symbole des mains rouge pourrait, en effet, être lu comme une référence à celles brandies par l'un des assassins de réservistes israéliens, lynchés en 2000 à Ramallah, en Cisjordanie, lors de la seconde Intifada. Le directeur du Mémorial de la Shoah Jacques Fredj a tenu à préciser que l'institution est « un lieu d'éducation et de connaissances historiques. Nous agissons contre l'intolérance et l'ignorance dans un moment de confusion et d'instrumentalisation de l'histoire de la Shoah et des génocides ». Et d'affirmer : « Rien ne viendra porter atteinte à notre détermination. Bien au contraire, cet acte haineux montre à quel point notre action est plus que jamais nécessaire. Nous ne cesserons de déployer et d’amplifier notre travail d’éducation et de pédagogie contre la barbarie, contre l’antisémitisme et toute forme d’intolérance. » À voir notamment en ce moment au Mémorial de la Shoah, des expositions sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et sur les étrangers dans la Résistance française.