Le Quotidien de l'Art

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Édito : Nécessaires utopies

On l’avoue, on aime bien le titre choisi par le commissaire Éric de Chassey pour son éclairage sur la scène française : « Fragiles utopies ». Qu’elles soient devenues aujourd’hui très fragiles, dans un monde brutal, pressé, consumériste, en guerre, qui en doute ? Mais existent-elles même, ces fameuses utopies, qui ont nourri tant de penseurs du passé, de Thomas More aux fouriéristes ? On a comme l’impression qu’elles ont du mal à survivre… Et l’on en revient insensiblement à notre édito de l’an passé car, dans « cette période marquée par le doute et la fin des grands systèmes », s’il est des dépositaires naturels des utopies, ce sont bien les artistes. Une sacrée responsabilité ! Selon le directeur général de l’INHA, ils ont vocation à nous donner des modèles « pour la perception, pour la pensée, pour l’action ». Alors que les signaux d’une contraction économique semblent se multiplier, c’est une invitation à voir Art Paris sous deux angles. Évidemment, de par sa vocation initiale, c’est un lieu de transactions – on rappellera que, selon certaines statistiques, les galeries font aujourd’hui la moitié de leur chiffre d’affaires sur les foires. Mais c’est aussi un lieu d’initiation pour les néophytes ou de nouvelles découvertes pour les habitués. D’où le développement de véritables sections « curatées », avec des parcours thématiques, voire initiatiques (cette année l’Art & Craft), comme un fil à tirer de stand en stand, d’A2Z Art à Zidoun-Bossuyt. Images du monde réel, des songes, de soi ou d’autrui, du passé ou d'un avenir radieux qui se dérobe sans cesse : parmi les 136 exposants, que chacun y fasse emplette de toiles mais surtout d’utopies – un bon remède contre la morosité ambiante.

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Édition N°2688 / 11 octobre 2023

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Article issu de l'édition Hors-série du 07 avril 2024