Comment rester compétitif dans un marché de l’art ultra-mondialisé ? Au fil de son expansion géographique, Art Basel a conservé son identité tout en s’adaptant à son pays d’accueil. Son édition à Hong Kong incarne cet équilibre complexe, rendu possible à la fois par l’ancrage de la manifestation dans le tissu culturel de la ville (par exemple, le M+ Museum accueille sur sa façade une œuvre commandée par la foire, cette année un film de Yang Fudong), mais aussi par l’accent placé sur les artistes issus de la région Asie-Pacifique. C’est notamment le cas de la section Kabinett, constituée cette année de 33 galeries – un chiffre record – et dont la programmation est essentiellement focalisée sur la région : la galerie Johyun (Busan, Corée du Sud) se penche dans ce contexte sur l’œuvre du maître coréen Park-Seo Bo (1931-2023), tandis que Yavuz (Sury Hills, Australie) pointe les projecteurs sur l’artiste thaïlandaise Pinaree Sanpitak (née en 1961). Inaugurée le 26 mars pour les VIP, cette édition de la foire, programmée jusqu'au 30 mars, marque un retour à la normale après plusieurs années perturbées par la pandémie de Covid-19. La manifestation revient de cette manière à ses proportions habituelles, avec 65 exposants de plus que l'an dernier (242 galeries au total). Outre le parcours général, le secteur Encounters, inspiré d'Unlimited à Bâle ou de Meridians à Miami, accueille 16 projets à grande échelle, dont 11 ont été créés à l'occasion, tandis que le secteur Film, curaté par l'artiste multimédia et producteur Li Zhenhua en collaboration avec la chaîne culturelle Nowness Asia et l’organisation à but non lucratif Videotage, fédère dix vidéos par des artistes, tels que Kimsooja et Anne Imhof. Un choix qui semble, là aussi, en adéquation avec le territoire : Hong Kong et la Chine continentale hébergent en effet un foyer non négligeable d'amateurs et collectionneurs d’art vidéo, dont font partie Shane Akeroyd ou Hallam Chow, ainsi que d’influents artistes multimédias comme Ellen Pau.
Le chiffre du jour