Lorsqu'en 2014, le château de Versailles expose « La Chine à Versailles. Art et diplomatie au XVIIIe siècle », rien ni personne ne présage l'ampleur du projet amorcé. Dix ans plus tard, l’histoire retracée des échanges entre la France et la Chine au siècle des Lumières illumine son nouvel horizon contemporain. Présentée au printemps dernier au musée du Palais à Pékin, l'exposition « The Forbidden City and the Palace of Versailles: China-France Cultural Encounters in the Seventeenth and Eighteenth Centuries » a attiré 175 000 visiteurs. Le succès quantitatif, qui a incité à réitérer l'événement du 18 décembre au 4 mai au Hong Kong Palace Museum (HKPM), inauguré en juillet 2022, est à la mesure de la réussite qualitative soulevée par les équipes franco-chinoises. Avec 150 œuvres provenant à parts égales des deux palais, le parcours met en avant le respect et l'intérêt mutuel cultivés par les cours respectives de l'empire de Chine et du royaume de France – et par leurs homologues contemporains, un demi-millénaire plus tard. « En 50 ans de carrière, je n’ai jamais vu des échanges aussi profonds pour la préparation d'une exposition. La curiosité scientifique et l'apprentissage étaient mutuels. Nous avons notamment aidé nos collègues chinois à dater des pièces européennes de leurs collections, tandis qu'ils nous ont fait (re)découvrir des objets que l'on pensait perdus ou dispersés à jamais », explique Marie-Laure de Rochebrune, conservatrice en chef au château de Versailles.
Curiosité mutuelle
La commissaire fait référence, entre autres, à une petite théière en émail, dont l'esthétique donnait à penser qu'elle avait été fabriquée à Guangdong pour l'empereur Qianlong. Conservée à la Cité interdite, elle a été récemment revue à la loupe par les experts du musée du Palais, qui ont découvert une inscription cachée portant la mention du célèbre émailleur français Joseph Coteau. En 1775, l'empereur Qianlong ordonne qu'un ensemble d'émaux soit fabriqué en Europe, où la commande est accompagnée…