Le Quotidien de l'Art

Objets présents, objets absents : des collections à repenser

Objets présents, objets absents : des collections à repenser
Vue de l'exposition « Over the Rainbow » au Centre Pompidou à Paris en 2023.
© Centre Pompidou, Janeth Rodriguez-Garcia.

Récemment de nombreuses expositions temporaires ont mis en lumière des artistes et des œuvres invisibilisées dans l'histoire de l'art. Cependant le travail structurel d'inclusivité dans les collections publiques françaises reste encore à faire.

« Les musées doivent-ils entrer dans l’arène des débats sociétaux, et si oui, jusqu'où faut-il aller ? » C'est par ces interrogations que Bruno Girveau, directeur du Palais des beaux-arts de Lille, inaugurait en janvier 2023 le workshop annuel de l’institution. Même dans le monde imperturbable des conservateurs du patrimoine, l’heure est à la déconstruction des pratiques et des récits tout tracés. Ainsi, après quatre consultations déployées au niveau international, l’ICOM a finalement acté en 2022 une nouvelle définition du musée : « Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité. » En parallèle, l'ambition est désormais de « faire de l’histoire de l’art une discipline vivante, (...) qui s’ouvre à de nouveaux champs, et interroge ses limites et son rôle dans les enjeux sociaux contemporains », écrivait Éric de Chassey, directeur de l’Institut national d'histoire de l'art, dans l’édito du dernier Festival de l'histoire de l’art. Si les institutions culturelles semblent se mettre toujours plus à la page de ces nouveaux axes amenés par l'actualité, en programmant un nombre croissant d’événements inclusifs et paritaires, qu’en est-il du côté des collections publiques ?

Combler les lacunes

Bien qu’édité récemment, le Vademecum des acquisitions à l’usage des musées de France, qui définit les principes et les bonnes pratiques en matière d’acquisition, s’ancre toujours dans le prolongement de la conception muséale française, restée inchangée depuis la loi du 4 janvier 2002. Les biens conservés ou à acquérir doivent revêtir un intérêt public. Une notion univoque héritée de la démocratisation culturelle, dont la critique porte aujourd’hui « sur son parti pris élitiste d’homogénéisation "du haut vers le bas" et sur la minoration, voire la négation d’une culture plurielle », lit-on sur le site internet du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Comment reconsidérer et revaloriser alors les évictions générées par cette politique culturelle ? En matière de patrimoine, il est nécessaire de « porter l’attention du public sur des pans de l’histoire de l’art qui ont été oubliés, répondait Olivia Voisin, directrice des musées d'Orléans, lors d’un récent séminaire de l’ICOM. « Les acquisitions peuvent permettre de combler certaines lacunes des collections. »

Parmi ces manques se trouve celui, notoire, de la représentativité des…

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