Depuis la dalle piétonne de la Défense, nombreux sont les visiteurs à diriger leurs regards vers les hauteurs des gratte-ciels. Pourtant, les profondeurs abritent aussi des secrets propres à les attirer. Sous les couches de béton, plus de 5 000 m2 d’espaces imbriqués entre des voies de transport, des plateformes logistiques ou des tunnels pour accéder aux tours ayant émergé lors de la construction du quartier d’affaires en 1960 sont laissés vacants. L’art a trouvé moyen de s’infiltrer dans ces « vides architecturaux » au fil du temps. Des visites guidées y sont organisées par Paris Face Cachée (qui propose des événements dans des endroits insolites) pour la première édition hivernale du rendez-vous de la création contemporaine que sont les Extatiques, lancées en 2018 par Fabrice Bousteau (rédacteur en chef de Beaux-Arts magazine et directeur de la rédaction du QDA) et pilotées par l’établissement public Paris La Défense. La carte blanche de l’exposition éphémère a été donnée au collectif Interstices, composé d’artistes photographes, vidéastes, numériques, plasticiens et musiciens spécialisés dans l'urbex, pratique de l’exploration des lieux délaissés. Ils ont investi les volumes des sous-sols avec un thème et une scénographie à leur image, la nature reprenant possession des différents environnements, même les plus urbanisés. Dans l’obscurité ambiante, leurs œuvres disséminées aux quatre coins jouent avec les sens. Par ici, les projections d'images végétales et de sons simulant le bruit de l'eau conçues par Fasme entourent des grands tirages de clichés de friches et de ruines. Par là, l’anamorphose Time's Embrace de Rémi Petit trouble l'optique à coup de peinture luminescente tandis qu'Image Latente d'Urbrain et Erik Lorré crée un effet hypnotique en trois dimensions. Une surprise de taille clôture ce parcours atypique : la visite de l’atelier de Raymond Moretti (1931-2005) où repose le Monstre, désignation donnée par Joseph Kessel à l’installation monumentale de 20 tonnes que l'artiste a façonnée, tapi à l’abri des regards, jusqu’à la fin de sa vie.
« Les Extatiques, dans les sous-sols de Paris La Défense », jusqu'au 25 février 2024, place du bassin Agam, 86, esplanade du Général de Gaulle, 92400 Courbevoie, parisladefense.com