En juillet dernier, le Maroc annonçait qu'à l'occasion de la 60e édition de la biennale de Venise, il disposerait pour la toute première fois de son histoire d’un pavillon national. Une nouvelle accueillie avec joie par les professionnels du monde de l’art marocain, qui saluaient alors le travail de longue haleine effectué par le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, de concert avec la diplomatie italienne. Au mois de septembre, c’est le peintre et écrivain marrakchi Mahi Binebine qui fut nommé curateur du projet. Ce dernier dévoila dans la foulée sa sélection, composée de Safaa Erruas, Fatiha Zemmouri et Majida Khattari. Un trio d’artistes femmes donc, pour représenter le royaume lors de cette grand-messe de l’art contemporain. Une décision là encore saluée par l’écosystème culturel marocain. La préparation du projet, validé en amont par le ministère, bat alors son plein en raison d’un calendrier extrêmement serré, puisque l’exposition doit ouvrir ses portes le 20 avril 2024. Jusqu’à ce qu’un coup de théâtre lui donne un coup d’arrêt en début de semaine. Dans un communiqué commun paru sur les réseaux sociaux le 16 janvier, l’équipe curatoriale et les trois artistes relatent qu’un membre de l’équipe ministérielle les aurait contactés pour leur signifier qu’un contre-projet avait finalement été retenu pour représenter le Maroc à Venise, et qu’ils étaient ainsi déchargés de leur mission. On y apprend également que les frais de production des œuvres ont été engagés par les artistes eux-mêmes, sur leurs fonds propres, et n’ont fait jusqu’ici l’objet d’aucune compensation. « Après validation officielle, condition requise du règlement de la biennale, nous avions effectué le repérage in situ et lancé la production à fonds propres en accord avec le ministère… en attendant le déblocage des fonds et le remboursement », peut-on lire dans le communiqué. L’heure est pour le moment à la colère et à l’incompréhension. Le ministère ne s’est pour le moment pas exprimé sur ce revirement de situation in extremis.