L’artiste tient compte rigoureusement de l’architecture des lieux. À travers des constructions méticuleusement soignées, elle exprime sa quête inlassable, mais aussi ses préoccupations sur une époque contemporaine complexe. Arpenter les espaces imaginaires nous conduit sur bien des chemins au sens propre comme au sens figuré vers des pièces parfois radicales, composées de lettres, soustraites à la multitude de mots et débarrassées de ses implications sémantiques. Isoler la lettre, là d’une encyclopédie, là d’un dictionnaire, et la rendre transportable, en vue de révéler d’autres voies, c’est l’univers qu’entend élaborer Cécile Andrieu.
De l’abécédaire connu d’une grande majorité, A,B,C..., cela devient plutôt une idée de cheminement dans un espace imaginaire, dont la lettre serait notre boussole. Comme guide, elle indiquerait les directions vers les 4 points cardinaux, en y ajoutant le centre. Jouant avec l’ombre et la lumière, la lettre subjugue le regard en tant qu’objet esthétique. L’artiste s’empare de la lettre imprimée, icône d’encre et vibration éblouissante du murmure qu’elle encapsule. De plis, d’empreintes, de contours et matières pluriels, les œuvres se succèdent tissant entre elles, des combinaisons de courbes, de ronds, de carrés... Elle met sous clé les lettres, façon pour elle d’en préserver le trésor, de les sauvegarder d’une dématérialisation, pour une mémoire future. Tel un procédé consistant à inclure les données d’un protocole dans un autre protocole, la porte d’entrée que nous empruntons débouche en premier lieu sur l’élaboration de maquettes en carton…
