D'après une enquête parue le 6 décembre dans Libération, de sérieux doutes ont été relevés quant à l'authenticité du portrait funéraire égyptien de soldat romain acquis en 2011 par le Palais des beaux-arts (PBA) de Lille. Daté du IIe siècle ap. J.C., il avait été acheté pour près de 100 000 euros lors d’une vente aux enchères de la maison de ventes Pierre Bergé & Associés à Drouot, avec la recommandation du Louvre. La peinture sur bois a été saisie par l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels il y a plusieurs mois déjà, en mai 2023, et placée sous scellé judiciaire. Le 6 décembre, la mairie de Lille confirmait qu'une enquête avait été ouverte pour vérifier l'authenticité de la pièce et se déclarait « susceptible de porter plainte et de se porter partie civile si l'enquête prouvait qu'il y a eu tromperie de la part des vendeurs ». C'est le scandale des faux égyptiens impliquant le Metropolitan Museum de New York et le Louvre Abu Dhabi qui aurait mis la puce à l'oreille d'un conservateur du musée lillois, récemment entendu par la police : l'expert qui a authentifié le « portrait du Fayoum » n'était autre que celui mis en cause dans l'affaire de la dizaine de pièces de provenance illégale acquises par les musées new-yorkais et émirati : à savoir Christophe Kunicki, mis en examen depuis pour, entre autres, « faux et usage de faux », « escroquerie » et « blanchiment en bande organisée ». Selon les enquêteurs, le portrait aurait été repeint et la figure modifiée depuis sa publication dans une revue scientifique datée de 2003 : des « modifications structurelles et picturales » qui auraient pour but de « susciter plus d’intérêt lors des enchères publiques et d’augmenter sa valeur marchande ». Ancienne conservatrice des antiquités au PBA, Fleur Morfoisse aurait concédé s'être appuyée sur sa confiance envers l'expert et la maison de ventes : « Je n’ai demandé aucun document à Christophe Kunicki et il ne m’en a présenté aucun. De même, la maison de ventes ne m’a donné aucun document », ajoutant que ce fut en 2011 le Louvre qui attira son attention sur l'enchère et donna un avis « très favorable ». L'ancienne directrice du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, Florence Gombert-Meurice, s'est elle ausssi défaussée sur l'expert, reconnaissant face aux policiers : « Avec le recul, aucun musée n’aurait dû acquérir cet objet. Je n’ai pas fait le travail jusqu’au bout ».