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Nice annonce la création d'une antenne du Mémorial de la Shoah

Nice annonce la création d'une antenne du Mémorial de la Shoah
Serge Klarsfeld aux côtés du maire de Nice Christian Estrosi lors du conseil municipal du 7 novembre.
© Ville de Nice.

L'étrange concordance des temps entre la guerre israélo-palestinienne, dont les retentissements se font ressentir chaque jour un peu plus, et l'entérinement de la création d'une antenne du Mémorial de la Shoah à Nice était loin d'être prévisible. La convention pour le lancement du projet avait déjà été signée le 23 janvier dernier. « Nous travaillons sur ce dossier depuis plusieurs années, nous ne sommes pas dans l'opportunité de l'instant et de la tragédie », a déclaré le maire de la ville, Christian Estrosi, après la signature, votée à l'unanimité le 7 novembre par le conseil municipal, d'un bail au profit de la fondation pour la Mémoire de la Shoah. « Ce travail prolonge tout ce que nous avons toujours fait, nous n'imaginions pas que la délibération serait présentée en de telles circonstances, a ajouté l'édile. L'antisémitisme n'a pas disparu avec les camps de concentration. Nous ne le voyons que trop bien depuis un mois. La parole antisémite s'est libérée. C'est odieux et c'est inquiétant. » Le bail en question, loué par la ville un euro par an sous la forme d'un bail emphytéotique de 85 ans, prévoit l'installation du futur musée dans un ancien poste électrique de 400 m2 dans le centre de Nice. Des travaux de rénovation à hauteur de 1,5 million d'euros, financés par la fondation pour la Mémoire de la Shoah, doivent débuter fin 2024 pour une inauguration au public fin 2025. Le parcours permanent sera centré sur l’histoire juive durant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs de Nice, et l’action des Justes. La ville, qui a la particularité d'être passée d'une occupation italienne à une occupation allemande en 1943, garde encore les marques de la persécution des Juifs, ainsi que l'a rappelé le militant pour la mémoire de la Shoah, Serge Klarsfeld, lors de sa prise de parole au conseil municipal. « Paris, Lyon et Nice sont des villes où la haine anti-juifs des Nazis a laissé le plus de traces dans les rues et sur les murs. Nice est une ville qui a particulièrement souffert, voilà pourquoi il était important d’y voir une extension du Mémorial de la Shoah », a expliqué l'octogénaire, rescapé d'une rafle à Nice en 1943 grâce à une cache installée par son père dans un placard. « C'est un geste fraternel et réconfortant », a-t-il conclu. 

Article issu de l'édition N°2709