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Bienvenue chez le dragon

Bienvenue chez le dragon

Près de Mouans-Sartoux, une résidence d’artistes d’un genre nouveau a pris place dans une maison de Jacques Couëlle, sous l’impulsion de Joe Kennedy et Jonny Burt, cofondateurs de la galerie Unit  à Londres. Dragon Hill, la colline du dragon : comme celui que l’on retrouve, la bouche en feu, sur l’imposante sculpture en bronze de François Thévenin qui se déploie dès l’entrée. Un nom qui renvoie également à l’architecture troglodyte du lieu, une grotte des temps modernes faite de béton projeté et de fer forgé. Avec ses murs ondulants qui épousent la topographie du paysage, elle fait partie des cinq maisons-paysages réalisées par l’architecte entre 1957 et 1964 sur le domaine de Castellaras. Ici, pas d’angles droits, la courbe se veut libre, fidèle à l’environnement extérieur. « Jacques Couëlle ne faisait pas de plan, ni de dessins préparatoires, raconte Maxime Combot, directeur de Dragon Hill, naviguant entre la Côte d’Azur et Londres. Il s’imprégnait des lieux et s’emparait d’un fil de fer pour structurer une maquette à main levée. » Surnommé l’architecte des milliardaires, il ne se réclame d’aucun courant, préférant se qualifier d’anarchitecte ou d’écologue marchant à l’instinct. On comprend pourquoi Antti Lovag, mondialement connu pour son palais Bulles, fut son élève. Toits-terrasses végétalisés, escaliers en céramique, fenêtres ornées de vitraux, un cadre des plus inspirants pour inviter artistes et écrivains à échapper aux affres de la vie moderne. Lancé en mars 2024, ce programme d’une durée de six semaines marche surtout par affinité. Pas d’appels à candidature : c’est la résidence qui contacte les artistes invités. « La vocation première est contemplative, inspirationnelle, s’émerveille Maxime Combot. Toutes les contingences matérielles sont épongées. Un atelier est mis à disposition, ainsi qu’une voiture pour sillonner la région et faire un loop culturel. » Ce n’est pas un hasard si Dragon Hill fait partie du réseau Plein Sud qui recense près de 75 lieux d’art, de Sète à Menton. En partenariat avec Art Review, curateurs et critiques d’art viennent enrichir ce programme œuvrant au rayonnement de l’héritage de Couëlle. Chefs, botanistes, musiciens seront bientôt de la partie. « Nous souhaitons catalyser tous les champs créatifs », conclut-il.

Article issu de l'édition N°2970