Créa(r)tures
Anton Kern (A6)
Un pas sur le stand de la galerie et nous voici plongés dans un univers fantastique, à la lisière entre le terrestre et l’océanique, la science-fiction et le réel. Les sculptures de personnages zoomorphes grandeur nature (entre 130 000 et 175 000 €), façonnées en caoutchouc puis moulées en bronze et montées sur des blocs de marbre brut, de la Nouvelle-Zélandaise Francis Upritchard (née en 1976) font voyager outre-monde. Plusieurs avaient déjà trouvé preneur hier.
Hélion, l'inclassable
Applicat-Prazan (B24)
Après avoir marqué les esprits en 2022 avec un solo show de Georges Mathieu, la galerie a choisi Jean Hélion (1904-1987) pour célébrer ses 30 ans. Elle a réuni un florilège de sept œuvres de cet artiste inclassable qui a toujours refusé d'être enfermé dans un mouvement. Certaines avaient déjà été présentées à la rétrospective du Centre Pompidou en 2004, et la plupart le seront à celle du musée d'Art moderne de Paris en mars 2024.
Fleurs magiques
Christian Berst (E28)
Anna Zemánková (1908-1986) cultive « des fleurs qui ne poussent nulle part ailleurs », commente-t-elle. À plus de 50 ans, amputée des jambes à cause du diabète, « Anna se met à produire quotidiennement des dessins spontanés d’inspiration végétale, entre 4 h et 7 h du matin, moment où elle a le sentiment de capter des forces magnétiques », raconte le galeriste. Il présente une sélection d'œuvres « de 7 000 à 40 000 € pour les grandes œuvres, rares et de qualité muséale ».
Rothko, d’hier à aujourd’hui
Pace (D16)
Aurélie Filippetti, d'élégantes Japonaises, et beaucoup d’Américains se pressaient pour découvrir l’hommage à Rothko chez Pace, alors que se tient actuellement à la Fondation Louis Vuitton une grande rétrospective de l'artiste. À la mi-journée, 6 œuvres étaient déjà parties, dont une d'Adam Pendleton (275 000 $) et d'Alicja Kwade (65 000 $), nouvelle artiste de la galerie. Le seul Rothko du stand, lui, attendait preneur pour 40 millions…
Moments suspendus
Cécile Fakhoury (F18)
Malgré un emplacement difficile (tout au fond de la foire), Cécile Fakhoury défendait l’un des plus beaux solo shows, consacré au Guadeloupéen Elladj Lincy Deloumeaux (né en 1995). Spécialement créés pour Paris+, les superbes toiles et petit mobilier (entre 3 000 et 40 000 €), du jeune diplômé des Beaux-Arts mettent en scène ses amis artistes dans l’intimité, stylistiquement inspirés de Bonnard et Vuillard, dans une élégante scénographie décorée de raphia.
Mystérieuses cartographies
Dvir (E27)
« Ce sont des œuvres intimes réalisées pendant le confinement, alors que Douglas Gordon s’est retrouvé sans assistants », explique Chaya Hazan, directrice de la galerie, devant les murs du stand tapissés d’impressions à l’acétone de pages de Bibles et de numéros de Playboy sur des toiles brûlées. Ces mystérieuses cartographies sur miroir ont pour titre Belongs to…, permettant d’y intégrer le nom du collectionneur qui voudra en acheter (de 6 200 à 56 000 €).
Pause avec Lili Reynaud-Dewar
Emanuel Layr (E04)
Six sculptures à échelle humaine jonchent le stand (48 000 € la pièce). Celles en aluminium sont de Lili Reynaud-Dewar (prix Marcel Duchamp 2021), artiste à l’honneur en parallèle au Palais de Tokyo. L’artiste s’y représente elle-même dans des postures d’attente et de réflexion du quotidien. Une série qu’elle développe depuis une décennie, en lien ici avec un fragment d’écriture de son journal.
Céramiques métamorphiques
Parliament (C12)
Chez les galeries émergentes, le solo show de Charlotte Dualé présente des céramiques et porcelaines émaillées à la brillance sensuelle, étonnantes lampes-étagères ou bas-reliefs au trompe-l’œil surprenant. La céramique mime ici le tissu ou, plus suggestif, le corps de la femme coupé en deux dans les tours de magie, « comme des témoignages de corps absents » décrit l’artiste. À l’opposé de certains prix fous de la foire, on est ici entre 2 700 et 6 500 €.
Perles rares
Richard Nagy (B21)
L’adage est connu dans le second marché : pour mettre la main sur des œuvres d’un certain standing, il faut convoquer au moins l’un des trois « D » : debt, divorce or death. La galerie londonienne, spécialisée en expressionnisme allemand, présente un choix exquis de pièces de Schiele, Klimt, Grosz, Picasso, Calder... Le clou du stand : une rare aquarelle d’Otto Dix de 1926 (de 500 000 à 700 000 $), où l’artiste se dépeint en pleins ébats avec une prostituée…