La forme est simple et reconnaissable entre toutes ! Les contours sont juste soulignés à la bombe noire, complétés de deux points pour les yeux et d'un cercle pour la bouche. Cette silhouette est la signature artistique que Gérard Zlotykamien a commencé à semer dans les rues de Paris dès 1963. Baptisés dans un premier temps les « personnages disparus », ils deviendront en 1970 « les éphémères » en hommage aux victimes de la bombe atomique à Hiroshima. Ernest Pignon-Ernest reprendra rapidement la même idée de la silhouette brûlée par l'explosion nucléaire, en 1966. Or, si l'histoire du street art s'est ensuite écrite à New York avec les writers – qui ont recouvert de leur blaze les murs, les camions et surtout les métros –, la place de pionnier de « Zloty », comme il se laisse appeler, émerge depuis peu, notamment grâce au travail de la galerie Mathgoth. Il est vrai que l'artiste est toujours resté à la marge du marché de l'art sans pour autant aller jusqu'à se définir comme un artiste anarchiste : « Je m'auto-engage, explique-t-il, je ne crée ni un dogme ni un système. » À 83 ans, Zloty continue de prendre la rue d'assaut, jusqu'à ce mur monumental peint en 2021 à Argenteuil (Val-d'Oise). La galerie Mathgoth lui offre une rétrospective dans un espace non loin de la galerie, pour y dérouler 60 ans de création.
« Gérard Zlotykamien. 60 ans d'Éphémères », jusqu'au 28 octobre, galerie Mathgoth, 1 rue Alphonse Boudard, 75013 Paris
mathgoth.com