En août, le journal L’Humanité publiait un article dénonçant « l’ubérisation » des métiers de la médiation dans les musées et établissements culturels en France. En cause ? L’externalisation de plus en plus fréquente de ce service : « Après l’externalisation des agents de nettoyage, de la sécurité ou de la surveillance, c’est désormais la médiation culturelle qui est concernée ». Une médiatrice témoigne : « Après la publication de l’article, on nous a dit de ne surtout pas parler de nos conditions de travail aux visiteurs. Mais le public est curieux et la question nous est parfois posée ».
Dans son mémoire de recherche sur le sujet, Lucia Zapparoli rappelle que l’externalisation des services n’est pas un phénomène récent puisqu’il a commencé dès l’après-guerre, d'abord dans l’industrie automobile : « Dans le secteur culturel elle prend la forme du facility management, pratique consistant à faire assurer à des sociétés privées la bonne gestion des services généraux d’un site ». L’avantage ? « Un gain de productivité, l’entreprise restant concentrée sur son cœur de métier », affirme la chercheuse, responsable du bureau des publics au Crédac, à Ivry-sur-Seine. Plusieurs questions se posent cependant : la médiation n’est-elle pas une mission essentielle des musées et institutions culturelles ? L’externalisation de ces services est-elle une démonstration que les activités face au public sont peu valorisées ?
Pourquoi externaliser ?
Depuis les années 2000, les établissements publics ont vu leurs contraintes augmenter : promulguée en 2001 et appliquée à toute l’administration depuis 2006, la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) impose une contrainte de masse salariale et un plafond d’emploi. En 2007, la révision générale des politiques publiques (RGPP) oblige, quant à elle, au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite. « Cela explique que le recours aux contractuels est en hausse et inévitable, expliquaient en 2022 les sociologues Frédéric Poulard et Marion Mauchaussée dans L’Hebdo. Les musées doivent créer de l’emploi là où ils ont été supprimés. » En 2019, la loi de transformation de la fonction publique…
