Dans les années 1630, la peintre napolitaine Artemisia Gentileschi travaille avec son père Orazio à Londres, à la cour du roi Charles Ier, grand amateur de l'artiste qui aurait acquis sept de ses œuvres. C'est là, vers 1638-1639, qu'elle peint une version d'un thème qui lui est cher, Suzanne et les Vieillards : on y voit la jeune femme, tentant de dissimuler son corps d'un drap qu'elle retient maladroitement, descendre une volée d'escaliers pour échapper au regard lubrique de deux hommes qui la surplombent. À la mort du souverain, en 1649, la toile disparaît des registres. Jusqu'à sa redécouverte récente par l'historien de l'art Niko Munz, secondé par des conservateurs des collections royales britanniques, dans un espace de stockage du Hampton Court Palace, où elle était cataloguée sous l'attribution « école française ». La résidence royale, située au sud-ouest de Londres, conserve également des œuvres d'Andrea Mantegna, Gentile da Fabriano, Antoine van Dyck, Giorgione ou Titien. Le tableau, nettoyé, a laissé découvrir l'inscription « Carolus Rex », qui le rattacherait à Charles Ier, tandis que des archives montrent qu'il a été commandé par son épouse Henriette-Marie de France, sœur de Louis XIII, pour orner une cheminée de ses appartements privés. Puis les documents le situent dans diverses demeures royales – Somerset House, Kensington Palace, jusqu'à son arrivée à Hampton Court Palace, où il tomba dans l'oubli. Aujourd'hui Suzanne et les Vieillards peut être admiré du public au château de Windsor, près de Londres, au côté de l'autoportrait de la peintre.