Derrière le titre « Sunburn », qui rappelle volontiers les « coups de soleil » romantiques qui se chantonnent à la fin de l’été, la nouvelle exposition de Laurent Proux à la galerie Semiose nous dévoile de mystérieux corps languissants sous un soleil écrasant. Réalisées à la Casa de Velázquez, et habitées par la luminosité du Sud, les dernières toiles de l’artiste (né en 1980, diplômé de l’ENSBA de Lyon et enseignant aux Beaux-Arts de Toulouse) se peuplent ainsi d’étranges silhouettes oblongues et nues, au milieu des herbes et des arbres, sous un horizon méditerranéen brûlant. Ces tableaux grand format, dont les ombres aussi nous ravissent, évoquent les mythologiques bacchanales et les pastorales, les baignades et les déjeuners sur l’herbe scandant l’histoire de la peinture. L’artiste nous glisse les noms de Poussin, Courbet ou Philip Guston, pour saisir le traitement si particulier qu’il réserve à la nature, aux corps et à leur chair. Des corps sexualisés, entremêlés ou entredéchirés qui nous interloquent, et dont la puissance (ou l’épuisement ?) libidinal interroge… Laurent Proux nous avait jusque-là habitués à représenter le corps ouvrier au travail, en prise avec les machines. Le voici qui signe un coup de maître avec ces nus sidérants.
Laurent Proux, « Sunburn », exposition personnelle à la galerie Semiose, Paris, jusqu’au 7 octobre 2023
semiose.com