Assister au vernissage de la première exposition impressionniste de 1874, ça ne se refuse pas. En 2024, le musée d’Orsay proposera cette expérience de 50 minutes en réalité virtuelle, en marge d’une exposition classique. Et dès octobre de cette année, il sera possible d’approcher des dinosaures dans « Mondes disparus », au Muséum national d’Histoire naturelle. Deux événements coréalisés par Emissive, société française qui révolutionne la visite patrimoniale avec son concept d'« expédition immersive » commercialisé sous la marque Excurio. Quiconque a déjà testé ces prestations entrevoit ce qu’un tel modèle de divertissement culturel peut apporter à la compréhension d’un lieu ou d’une époque. L’État aussi y croit, au point d’être entré fin 2020 dans son capital à l’occasion d'une première levée de fonds de 2,9 millions d’euros mêlant public, via le fonds Tech & Touch géré par la banque Bpifrance dans le cadre du programme d’investissements d’avenir (PIA) du gouvernement, et privé (dont ArtNova, propriétaire du Quotidien de l’Art).
En 2010, le président Nicolas Sarkozy lançait le premier PIA pour soutenir l’innovation française par des partenariats public-privé. 750 millions d’euros furent dédiés à la numérisation de contenus culturels, afin de garder « la maîtrise de notre patrimoine » contre les géants étrangers des GAFAM, déclarait alors l’ancien président. Ses successeurs reconduisirent le dispositif, piloté depuis le secrétariat général pour l'investissement auprès du Premier ministre, dans une démarche interministérielle.
Annoncé en septembre 2020 avec le plan France Relance, le PIA 4, sur un total de 20 milliards d’euros, consacrait sur cinq ans 400 millions d’euros à la culture, afin de renforcer « son positionnement dans l’environnement numérique mondial ». Un an plus tard, le plan France 2030 présenté par le président de la République allouait 600 millions d’euros supplémentaires au secteur. Une astuce « afin de faire un beau milliard tout rond », raconte l’ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot dans son livre 682 jours paru en 2023. L'un des objectifs du plan : « Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs ». Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est primordial. C’est « un combat à la fois civilisationnel et créateur de valeur », pas « nostalgique » mais « conquérant », énonçait-il…