La société Néret-Minet, Tessier & Sarrou devait mettre en vente à l'hôtel Drouot, ce vendredi après-midi, un ensemble de 70 masques hopis, de la « collection L. S. » (lire Le Quotidien de l'Art du 10 avril 2013). Mais, cette tribu d'Indiens de l'Arizona s'oppose à la vente de ces objets qu'elle considère comme sacrés. Les Hopis ont délégué Survival International, une ONG spécialisée dans la défense des peuples indigènes, pour intervenir en leur nom en France. Leur demande : que la vente soit annulée. Le tribunal de grande instance de Paris devait statuer en référé ce vendredi, quelques heures à peine avant le début de la vente, prévue à 14 h 30. L'avocat français de Survival International, Pierre Servan-Schreiber, a déclaré à la chaîne de télévision France 24 : « On ne dit pas que [le collectionneur] les a obtenus illégalement, mais étant donné les lois américaines et internationales qui interdisent de vendre ou d'exporter de tels objets, il y a des questions qui se posent et il faut y répondre ». La vente soulève en effet des questions davantage d'ordre moral (peut-on vendre des pièces rituelles considérées comme sacrées) que légal. Pour la maison de ventes, la collection a été acquise de façon légale par un Français qui a vécu trente ans aux Etats-Unis. Depuis 1990, la loi fédérale NAGPRA prohibe aux états-Unis le commerce d'objets du patrimoine indien. Toutefois, cette loi ne s'applique pas sur le sol français. De plus, des kachinas, poupées ou masques, passent depuis longtemps en ventes à Drouot sans susciter un tel tollé. « L'ensemble de ces textes [NAGPRA et constitution des Hopis] tend à la reconnaissance de droits des peuples autochtones (…). Toutefois, aucune de ces dispositions n'est efficiente en droit positif français », assurait ainsi un avocat français à la société de ventes en septembre dernier, dans un courrier que nous avons pu consulter. Néret-Minet, Tessier & Sarrou avait pris soin de vérifier la valeur juridique des revendications des Indiens Hopis, communiquées de longue date à la société. Nonobstant cette absence probable de fondement légal, Néret-Minet a jugé plus prudent, selon nos informations, non seulement d'interrompre hier soir l'exposition des objets (qui est supprimée ce vendredi matin) mais encore de présenter les lots pendant la vente sur un écran et non, comme de coutume, en réel.