« On ne se définit pas comme écomusée, mais on est adepte de l’écomuséologie. » La nuance qu'apporte Olivier Cogne, directeur du musée Dauphinois de Grenoble où fut fondée en 1989 la Fédération des écomusées et des musées de société (FEMS), résume à elle seule le paradoxe de l’écomusée. Posés par Georges Henri Rivière et Hugues de Varine dans les années 1970, les préceptes de la « nouvelle muséologie », qui furent à la base des écomusées, font aujourd’hui florès. Sans que personne ne reconnaisse cette dette. « Georges Henri Rivière a modernisé les musées comme personne. Encore aujourd’hui, bien qu’il ne soit pas considéré à sa juste valeur, il est présent dans l’ensemble de nos musées », confiait en 2018 Marie-Charlotte Calafat, co-commissaire de l’exposition que le Mucem consacrait au conservateur. De fait, sa définition de 1973 – « un musée de l’homme et de la nature ressortissant à un territoire donné, sur lequel vit une population à la conception et à l’évolution permanente duquel cette population participe » –, résonne aujourd'hui avec l’ensemble des musées, indépendamment de leur catégorie.
De l’écomusée du Creusot (Saône-et-Loire), centré sur l’histoire de l’extraction minière et de la métallurgie de la région, à celui de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), éclairant le développement de son port, le territoire est le fondement de ces institutions. Or, on ne compte plus les musées « classiques » recentrant la focale sur l'échelle géographique : le musée des beaux-arts de Lyon remet en lumière les artistes de l'école régionale, ceux de Lodève (Hérault) ou du Gévaudan à Mende (Lozère) mêlent habilement discours artistique et géologique. Le secteur privé n’est pas en reste. Point d’orgue d’un ancrage territorial renouvelé, la fondation Martell à Cognac inaugure cet été une exposition laboratoire sur les ressources de sa région. Sa directrice Anne-Claire Duprat le reconnaît : « On ne fait pas de lien explicite avec les écomusées, mais il est vrai que la volonté de sortir les métiers…