Le 26 juillet 2024, la ville de Pantin verra passer la flamme olympique. Une fierté pour cette municipalité de Seine-Saint-Denis qui a connu depuis une quinzaine d'années d'importantes mutations, boostées par la construction de bâtiments de standing le long du canal de l'Ourcq, l'installation de marques de luxe (Chanel, Hermès) et de lieux d'art (galerie Thaddaeus Ropac, Magasins Généraux). Une intense gentrification qui ne rend que plus évidente la fracture sociale d'une ville qui compte encore 27 % de personnes sous le seuil de pauvreté (contre une moyenne française à 14 %). Parmi les projets municipaux, un « écoquartier » devrait sortir de terre d'ici 2035 sur des terrains de la SNCF préemptés par la mairie. Dans ces 45 hectares se trouvent des bâtiments à l'abandon mais pas inoccupés : depuis les années 1980, une trentaine d'artistes (dont autrefois Tatiana Trouvé) y ont installé des ateliers, dont la gestion avait été confiée par la SNCF au bailleur Nexity Properties Management. Un peu plus tard s'y sont installées la Réserve des Arts (site de recyclage de matériel pour artistes) et le tiers-lieu La Cité Fertile. Or, si la Ville de Pantin a proposé à ces deux structures de s'installer ailleurs, il n'en est pas de même pour les artistes, réunis au sein de l'association Mezzanine Nord, et qui devront quitté leurs ateliers d'ici le 31 décembre prochain. Depuis l'annonce du projet en 2021, la mairie, qui se targue pourtant d'être un nouveau pôle pour l'art contemporain dans le Grand Paris, ne leur a pas proposé de solution de relogement, et ne dispose pas d'ateliers d'artistes. « La seule chose qu'on nous a proposé a été de faire des activités culturelles pour les habitants, mais ça n'est pas notre métier... Et on est déjà présent dans la ville, avec des portes ouvertes, des expositions », témoigne Patrick Hébrard, représentant de Mezzanine Nord. Il poursuit : « La mairie met en avant les jeunes artistes dans des lieux comme les Magasins Généraux, mais nous qui sommes installés ici depuis longtemps sommes congédiés sans ménagement ». Contacté à plusieurs reprises, le cabinet du maire de Pantin n'a pas répondu à nos sollicitations.