« La fondation a toujours refusé de jouer la carte de « l’artiste-femme » invisibilisée par son mari, car la réalité est beaucoup plus complexe d’une part, et d’autre part, j’ai toujours pensé que l’œuvre d’Anna-Eva Bergman s’imposerait en soi, par elle-même, tant elle est extraordinaire et singulière. En outre, les facteurs de sa relative invisibilisation sont de nature assez subtile : la difficulté à percevoir son œuvre en reproduction (c’est une œuvre quasiment inphotographiable) et surtout une esthétique mystique, sacrée, profonde qui ne correspondait guère aux horizons d’attente dominants des années 1970-2000 », estime Thomas Schlesser, directeur de la fondation Hartung-Bergman à Antibes et auteur de la première biographie de l’artiste, Anna-Eva Bergman, vies lumineuses, parue chez Gallimard l’automne dernier. Les temps ont changé, les mentalités aussi nous dit-il, ainsi que les générations d’historiennes et d’historiens de l’art. Lui a ouvert les portes de la fondation Hartung-Bergman au public l’an dernier permettant de poser un regard différent sur Hans Hartung et de découvrir l’œuvre méconnu de Bergman, qui fait actuellement l’objet d’une des plus belles expositions monographiques parisiennes, aux murs du musée d’art moderne de Paris. Une véritable redécouverte. « Même si la COVID n’a pas joué en notre faveur, il y a eu un événement international capital dans la notoriété récente de Bergman : le musée Reina Sofia lui a consacré une grande exposition en 2020. Symboliquement, c’était très fort », abonde-t-il. Mais la grande revalorisation a lieu en 2022-2023 en France avec un…
Bergman et consœurs : nouveau regard sur les femmes artistes
Plusieurs expositions mettent en avant des artistes qui font l'objet d'un travail de réévaluation, d'Anna-Eva Bergman à Jacqueline Marval, en passant par les surréalistes.