Sur l’estrade de la salle de cinéma du Star Saint-Exupéry à Strasbourg, des collégiens et des lycéens viennent, tour à tour, raconter leurs courts-métrages. Encadrés par des professeurs et des intervenants de l'audiovisuel, ceux-ci ont été conçus à partir de différents corpus de films amateurs sélectionnés par l’association Mémoire des images réanimées d’Alsace (MIRA). Des « vieux trucs », résume l’une des jeunes, un sourire au coin. Avec un montage, une voix off ou encore de nouvelles scènes tournées, ces élèves issus de onze classes différentes, de la sixième au BTS, ont donné un nouveau sens à ces images, majoritairement muettes. Pour cette troisième édition du projet File ta bobine !, en partenariat avec le rectorat, il est question de la place des femmes dans le sport, des repas traditionnels alsaciens ou encore de la mémoire de l’indépendance algérienne. Des paysages et des figures semblent arrimées à un ailleurs lointain, d’autres, comme la tablée autour d’une choucroute, passeraient presque pour la capture à répétition d’un Noël habituel. « C’est une porte d’entrée pour toucher ce jeune public », glisse Laura Cassarino, directrice de MIRA.
Pendant que le large écran convoque les bobines du passé, des jeunes se filment en salle avec leurs propres téléphones, sans doute truffés d’images et de vidéos tout autant témoins de leur quotidien. « Vos films sont nos histoires », peut-on lire sur un dépliant de l’association qui, depuis 2006, collecte, numérise et valorise les films amateurs – 6 500 à ce jour – tournés par des Alsaciens ou se déroulant en Alsace. Un peu partout dans d’autres régions, des structures, essentiellement associatives, se sont données pour mission de réveiller des archives en dormance et d'œuvrer à leur postérité en assurant leur gestion et leur diffusion. Un travail de fourmi qui gagne en intérêt auprès des professionnels de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la recherche ou des musées à l’affût d’images…