Enfin venu de Londres, The Dante Project, créé par le chorégraphe anglais Wayne McGregor en 2021 pour The Royal Ballet sur une partition monumentale de Thomas Adès, vient de faire une entrée très attendue à l’Opéra de Paris. Attirant non seulement les balletomanes, mais aussi, en raison des décors de Tacita Dean, une foule d’amateurs d’art, le spectacle se jouera à guichet fermé jusqu’au 31 mai. Depuis 2007, McGregor a créé plusieurs ballets pour la compagnie de l’Opéra de Paris, dont son Tree of Codes avec la conception visuelle d’Olafur Eliasson en 2019. Comme l’artiste islandais, avec ses architectures lumineuses sondant les profondeurs de l’œuvre de Safran Foer, Tacita Dean brave les ténèbres de Dante, à travers ses dessins, la photographie et le film. Dans l’« Inferno », elle crée, avec un jeu de miroirs et des immenses falaises de chaux, un sentiment que le monde est au-dessus de nous, seul un mince puits de lumière venu d’en haut laissant voir le jour. Pour le « Purgatorio », une scène urbaine avec une lumière diffuse et les combinaisons de couleurs filtrées rappellent l’univers trouble de William Blake dans ses illustrations de la Divine Comédie. Pour le « Paradiso », un film en 35 mm reprend le motif du cercle planétaire, citant cette fois les illustrations dantesques de Botticelli. Dès leurs premiers gestes, l’étoile Germain Louvet, dans le rôle principal du poète errant, et Hannah O’Neill, son amour Béatrice, s’imprègnent du langage corporel chorégraphique intense et virtuose de McGregor, avec pour effet de nous embarquer au sein de ce voyage dans l’au-delà, un lieu d’espoir et de transformation.
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