Michel Lo Monaco est intarissable. Malgré l'intitulé de son poste – chargé de programmation handicap au musée du Louvre –, il prévient d'entrée : « On met l'accent sur l'accessibilité plutôt que sur le handicap ou la déficience, qui sont péjoratifs ». Et d'insister : la santé mentale concerne tout le monde. Troubles psychiques ou autistiques, symptômes dépressifs voire suicidaires : chacun, chacune y est confrontée au cours de sa vie, soi-même ou chez ses proches. Selon l'Institut Pasteur, les personnes avec trouble du spectre autistique représenteraient 1 % de la population française (soit environ 700 000 individus). D'après l'Inserm, une personne sur cinq souffre d'anxiété, 15 à 20 % connaît au moins un épisode dépressif caractérisé au cours de sa vie. Si depuis de longues années, le Louvre accueille des personnes aux pathologies mentales nécessitant un accompagnement important, la prise en compte plus large des troubles psychiques est une préoccupation récente. En 2019, le musée était sollicité par le GHU Paris psychiatrie & neurosciences de l'hôpital Sainte-Anne pour engager un partenariat. L'objectif : donner la possibilité aux adultes et enfants fragilisés psychologiquement ou autistes de venir au musée. « On travaille notamment avec des personnes accueillies en hôpital de jour. Souvent en situation de grande dépression, elles sont repliées sur elles-mêmes. Certaines ne sont pas sorties de leur quartier depuis quinze ans, et ne quittent leur appartement que pour aller faire des courses », raconte Michel Lo Monaco. Intimidant pour tout visiteur, le Louvre leur semble inaccessible. « C'est donc au Louvre de sortir de chez lui », plaide le médiateur.
Débute alors un travail en cinq phases, qui ressemble à un véritable processus d'apprivoisement. Les premières ont lieu dans la structure psychiatrique. Un médiateur du Louvre apporte des maquettes : une de Paris, qui permet de repérer les lieux, et une du musée lui-même, avec les œuvres majeures et les points d'entrée. Des photographies montrent les différentes étapes du trajet en transports en commun – lignes et arrêts de bus, point de rendez-vous – afin qu'en amont, les futurs visiteurs s'approprient visuellement ce déplacement, qui peut être source d'angoisse. « Plutôt que de visite au musée, on…