Disparu des cimaises des galeries depuis près de 20 ans, François Rouan fait son grand retour dans l’espace de la rue du Grenier-Saint-Lazare chez Daniel Templon. Une idée en or, le galeriste choisissant des tableaux récents pour montrer la vitalité de son artiste de 80 ans, aussi volubile et érudit que ses peintures sont sophistiquées et mystérieuses. Souvenons-nous d’une conférence qu’il avait donné sur les peintures du Bon et du Mauvais Gouvernement d’Ambrogio Lorenzetti devant lesquelles il passa plusieurs semaines, à les copier, à les étudier. La question du figuratif, de l’archaïsme de la couleur se dissolvant dans la composition architecturale. D’or, de pourpre et de terre de Sienne, Rouan, l’abstrait, défiant sans cesse l’ornemental, amoureux des primitifs italiens, un peu comme l’Italien Ettore Spalletti souhaitait retrouver dans ses poudreux monochromes les silhouettes calcaires des églises romanes. Bandelettes de couleur enchevêtrées à la manière d’un tressage, minutieusement enlacées, créant de grandes toiles à l’épaisseur tendre, ressemblant à des carreaux de faïences andalouses. Arabesques et lignes sinueuses, fragments de corps féminins dansant ou dentelles de paysages infiniment sensuelles, jouant de l’apparition et de la disparition de la forme. L’œil se perd dans cette myriade, délicieusement piégé par le pouvoir évocateur de la peinture.
« François Rouan, Odalisques et Pavanes 2009-2020 » à la galerie Templon, 28, rue du Grenier Saint-Lazare, 75003 Paris, jusqu’au 13 mai.
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