Galerie Suzanne Tarasiève
Déesse d'aujourd'hui
Posée presque à même le sol, elle se répand, tentaculaire, sur un socle blanc brillant. Cheveux et cauris garnissent ses longs bras de tulle, cousus comme des capsules où les rebuts de mer et de tête deviennent trésors. Des impressions photographiques de peaux ridées habillent son dos, greffé de dentelle et de perles. Une cape comme celle-ci, Mari Katayama (née en 1987) en coud depuis ses débuts et s’en drape à l’envi, jouant perpétuellement avec les possibilités d’une seconde peau polymorphe. Dans sa série Red shoes (18 000 € le tirage), la Japonaise pose en justaucorps vintage, le déclencheur en main, debout ou en acrobate. Ses prothèses de jambes tatouées, réelles ou reproduites sur le tissu, se confondent avec les membres d’une couverture placée devant elle. Les yeux fardés de noir et les lèvres ourlées de rouge, le carré impeccable, et chaussée de vertigineux escarpins carmin, elle s’empare volontiers des codes de la féminité glamour de papier glacé sans dissimuler son corps transformé par une hémimélie tibiale. Amputée à l’âge de neuf ans, Mari Katayama est une enfant de la génération Myspace pour qui Internet ouvrit les vannes des mises en scène de soi en un clic, dans un esprit Do it yourself depuis dévoré par l’avènement…