« Nous discutons avec les meilleurs experts pour déterminer quels pays pourraient être les plus fiables pour accueillir nos collections. Je ne suis pas sûre que la France soit l'un d'entre eux. » La phrase d’Oleksandra Kovalchuk, directrice des musées d’Odessa en Ukraine, refroidit l'espoir français d’être perçu comme un pays protecteur du patrimoine des autres. Avec 11 000 œuvres du XVIe siècle à nos jours, l’institution du sud ukrainien ne manque pourtant pas de vulnérabilités : équipe réduite du tiers, subventions suspendues et dommages conséquents dûs aux frappes russes sur le port d’Odessa en juillet 2022... Krista Pikkat, directrice de la culture et de l’urgence à l’UNESCO, qui pilote un très vaste plan de sauvegarde du patrimoine ukrainien, enfonce le clou : « L’évacuation de ces collections à l’étranger est trop risquée ».
Intérêts contrastés
Pourtant, en la matière, le passé a aussi ses victoires, comme le rappelait récemment une exposition au Mo.Co de Montpellier. En 1936, 1 868 caisses emplies des chefs-d’œuvre du Prado trouvaient refuge au musée d’Art et d’Histoire de Genève, pour être protégées de la guerre civile espagnole. Par une clause de son droit pour l'importation de biens culturels, gravement…