Elle a fréquenté le milieu intellectuel et bourgeois viennois du début du XXe siècle, puis celui de Paris dans les Années folles, attirant à chaque fois une clientèle huppée dans ses studios photo. De l’archiduc Karl (futur empereur d’Autriche) à Maurice Chevalier en passant par Joséphine Baker, le peintre Foujita mais aussi les danseurs de l’avant-garde et une Colette vieillissante, celle qui signait Madame d’Ora est ensuite tombée dans l’oubli. Le Pavillon populaire de Montpellier remet à l’honneur cette Autrichienne nommée Dora Kallmus dans une présentation documentée et pédagogique montrant ses différentes facettes. Y sont présentées ses images de mode publiées dans la presse illustrée de l’époque à travers l’Europe, mais aussi diffusées sous forme de cartes postales ou de vignettes. Après avoir dû fermer son studio parisien et se cacher pendant la guerre à cause de ses origines juives, Madame d’Ora se réinvente à travers des travaux documentaires dont la noirceur tranche avec le glamour de la première période. Parmi eux, une étonnante série sur les abattoirs parisiens dans laquelle les cadavres des animaux semblent avoir été mis en scène. La métaphore de la cruauté de sa propre existence ? Ces images font aussi étrangement écho à notre époque, attentive au bien-être animal. Madame d’Ora mérite d’être (re)connue.
« La surface et la chair. Madame d’Ora. Vienne-Paris 1907-1957 », jusqu’au 16 avril, Pavillon populaire de Montpellier,
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