De la guerre d’Espagne on ne retient souvent que les images de Robert Capa ou celles de sa compagne Gerda Taro. Désormais, il faut compter avec celles d’Antoni Campañà (1906-1989). Ce photographe catalan, chantre du pictorialisme avant de devenir reporter et de s’illustrer dans la photographie de sport, a également été éditeur de cartes postales touristiques. Avec « Icônes cachées », le Pavillon populaire de Montpellier nous convie une nouvelle fois à la découverte d’un photographe inconnu en France avec une exposition retraçant les soubresauts de l’histoire espagnole de 1936 à 1939. Ces images conservées dans deux boîtes rouges contenant 5 000 négatifs ont été retrouvées il y a seulement cinq ans. Le photographe catalan les avait cachées pendant des décennies, même après la mort de Franco, par peur de compromettre ceux qui y figuraient. Chronologique, la visite revient sur les différentes phases du conflit : le coup d’État et la révolution, l’incendie des églises, les militants anarchistes sur le chemin de la guerre mais aussi la mobilisation républicaine, les bombardements, la misère des réfugiés, la victoire franquiste et la Retirada. Un fonds exceptionnel pour sa valeur documentaire ; autant parce que Antoni Campañà a couvert les deux camps avec détachement, sans prendre parti, mais aussi parce que ses images s’affirment par leur style percutant. De véritables icônes, à l’instar d’une madone anarchiste au drapeau, une Liberté guidant le peuple version guerre d’Espagne.
« Antoni Campañà, icônes cachées », Pavillon populaire de Montpellier, jusqu'au 10 décembre.
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