Les illusions sont trompeuses. Cette petite fille assise au milieu de ce tas de terre n'est pas en train de jouer à un jeu de son âge et il n'y a rien d'innocent dans cette scène. L'auteur, Seth, nous renvoie au drame de la guerre en Ukraine. Il s'est rendu à deux reprises dans le Donbass, en 2017 et 2019, à Popasna plus précisément, où il a peint des fresques sur les immeubles et redonné l'envie de rêver à travers l'art à des enfants d'un quartier. Depuis, l'école a été détruite, le directeur ainsi qu'une famille tués, et les autres enfants ont fui. Une violence qu'incarnent ces silhouettes du théâtre d'ombre du mobile, tirées de figures allégoriques de l'artiste populaire Maria Primachenko, décrivant les horreurs de la guerre. Seth a créé cette installation dans le cadre d'une résidence pour l'exposition « Super Terram », portée par la fondation Desperado qui a confié le commissariat à l'artiste Gaël Lefeuvre. La visite immersive se déroule dans un ancien bâtiment industriel de 3 000 m2 entièrement transformé par les onze artistes internationaux invités (Michael Beitz, Gonzalo Borondo, le collectif CELA, Germain Ipin, Joaquín Jara, Amir Roti, Axel Void...), à commencer par le rez-de-chaussée où chacun sillonne les 40 tonnes de terre, décor chaotique et initiatique. Sans être fatalistes, les artistes posent un regard engagé, politique, poétique sur la société et ses dérives qui nous font basculer dans une nouvelle ère.
« Super Terram », Espace Voltaire / fondation Desperados, 81, boulevard Voltaire 75011 Paris, jusqu'au 19 mars
fondationdesperados.com