Vous avez été directrice de l’Institut français d’Afghanistan à Kaboul de 2010 à 2013 et vous avez suivi le développement de la scène contemporaine afghane depuis 2003. Pouvez-vous nous décrire son évolution ?
J’ai vu s’épanouir la scène contemporaine en Afghanistan, ses choix, ses progrès, ses envies, ses révoltes, ses colères. Elle s’inscrit au sein de plusieurs temps de développement. En 2001, lors de la chute des talibans, les artistes étaient souvent des adolescents sollicités pour créer des œuvres au sein de programmes de sensibilisation envers la population. La voie artistique n’était donc pas toujours un choix mais servait un outil de soft power. Quelques années plus tard, ces jeunes artistes se sont rendu compte que les promesses de démocratie, d’éducation et d’égalité ne seraient pas tenues, d’autant qu’en 2011 les États-Unis annonçaient leur retrait du pays. Portés par une conscience politique accrue, ils ont décidé de s’exprimer davantage. Beaucoup d’associations culturelles se sont formées à cette période même si les lieux dédiés à la culture ont commencé à fermer. Puis, en 2014, le milieu a été bouleversé par l’attentat qui a touché l’Institut français. Celui-ci a fermé pendant un an, avant de rouvrir…