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Être afghane

Être afghane

Dédié au photojournalisme, le prix Carmignac se distingue par sa confortable dotation (50 000 euros) et par le choix de sujets d’actualité dans des zones géographiques difficilement accessibles. C’est la raison pour laquelle le lauréat de la 14e édition, sur le thème de la condition des femmes et des filles en Afghanistan, n’a été révélé que le 5 septembre dernier, au festival Visa pour l’image de Perpignan, une fois le reportage accompli. C’est le duo réunissant la photojournaliste canado-iranienne Kiana Hayeri et la chercheuse française Mélissa Cornet qui a été désigné par un jury de professionnels parmi lesquels figurent notamment les directrices de la photo de TIME et du Guardian. Kiana Hayeri et Mélissa Cornet connaissent bien l’Afghanistan : la première pour avoir vécu à Kaboul de 2014 à 2022, la seconde pour y demeurer depuis 2018 où elle travaille sur les droits des femmes qui, depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, sont privées de leurs libertés fondamentales. Les témoins de cette déchéance sont très rares, c’est dire si leur série « No woman’s land » est exceptionnelle car il s’agit d’une vision de l’intérieur du pays, fruit d’une enquête de six mois menée dans sept provinces d’Afghanistan pour laquelle elles ont rencontré plus de 100 Afghanes. Née en 1988 à Téhéran, Kiana Hayeri axe ses travaux documentaires sur les migrations, l’adolescence, l’identité et la sexualité dans des sociétés en conflit. Elle est récipiendaire de nombreuses récompenses (Tim Hetherington Visionary Award, prix James Foley, médaille d’or Robert Capa, prix Leica Oskar-Barnack, etc.) et travaille régulièrement pour The New York Times et National Geographic. « No woman’s land » est à découvrir dans le cadre du festival PhotoSaintGermain, au Réfectoire des Cordeliers à Paris, du 25 octobre au 18 novembre 2024.

Article issu de l'édition N°2886