Que faut-il pour faire une nation ? Au fil des décennies ses frontières peuvent bouger, ses identités comme ses cultures se diversifier. Un musée ? Depuis un peu plus de deux siècles, participant de la constitution des nations occidentales, le musée « national » fait incontestablement partie de l'équation. On le voit dans la guerre sans merci de la Russie contre l'Ukraine : en plus des massacres et des exactions sur les civils, la destruction du patrimoine et le pillage des musées visent non seulement à rayer physiquement le pays de la carte, mais à en étouffer symboliquement la flamme. En Europe, deux expositions accueillent actuellement des œuvres des musées ukrainiens, telles des lucioles scintillant dans la nuit. Jusqu'au 30 avril, le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid montre 69 peintures ukrainiennes des années 1900-1930, transportées littéralement sous les bombes par camions depuis le musée national d’art d’Ukraine, à Kyiv. « Cette exposition montre ce que la Russie essaie de détruire », a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo. Au même moment (et jusqu'au 23 avril) sont présentées au musée Rath de Genève une cinquantaine d’œuvres du tournant du XXe siècle provenant d'un autre musée de Kyiv, la Galerie nationale d’art. Là encore, l'opération a été menée malgré un danger très réel pour les collections. Aux manettes, le directeur du musée ukrainien Iurii Vakulenko a fait venir lui aussi les œuvres par la route, via la frontière polonaise. Aucune compagnie n'a accepté d'assurer le transport sur le sol…
Musées en exil : des œuvres pour exister
L'exposition « Musées en exil » au MO.CO. de Montpellier met en exergue le rôle de trois institutions patrimoniales née en temps de guerre. Un coup de projecteur indispensable pour comprendre le rôle des musées aujourd'hui, alors que deux autres expositions en Europe abordent le cas concret de l'Ukraine.