« Avec tout ce pollen, on pourrait refleurir une région entière. » Co-commissaire de l’exposition « De la nature » au musée de Grenoble, Sophie Bernard résume en quelques mots la mission simple de Wolfgang Laib (né en 1950) : « donner à voir la beauté de la nature ». Pour cet artiste allemand, connu pour ses dalles de marbre immaculé emplies de lait et, plus généralement, pour son travail des matières naturelles (cire, riz, pollen), cette œuvre apparaît comme un manifeste. Radicale dans sa forme – un carré au sol –, elle a été réalisée à partir de pollen, récupéré par l’artiste dès 1977 dans les champs et les forêts qui entourent son atelier. Patiemment, Wolfgang Laib a collecté la précieuse poudre en chatouillant des pissenlits, des boutons d’or, des pins et des noisetiers, l’a conservée dans des bocaux pour mieux la répandre, une fois l’invitation venue, sur le sol d’espaces d’exposition, à l’aide d’un petit tamis et d’une cuiller. Minimale, sublime, solaire, cette étendue n’a la couleur de rien d’autre sur Terre, et ses bords flous lui confèrent une apparence évanescente, qui invite à une méditation silencieuse. L’artiste est montré dans le parcours « De la nature » aux côtés de Philippe Cognée, de Cristina Iglesias et de Giuseppe Penone. Leur point commun ? Avoir plus ou moins récemment bénéficié d’une exposition monographique au musée de Grenoble, sous la direction de Guy Tosatto – qui quittera l’institution à la fin de l’année 2023, et orchestre ici un mémorable quatuor, cri d’amour pour la subtilité d’un art lié à la nature, sans être étiqueté « écolo » pour autant.
Jusqu'au 19 mars, musée de Grenoble.
museedegrenoble.fr