L'attente était évidemment à la hauteur des espoirs suscités mais la fréquentation, en raison de la jauge imposée - et peut-être aussi d'une durée moyenne de visite plus longue que prévu au Grand Palais éphémère - n'a pas battu de record. La nouvelle grande foire parisienne qui a délogé la FIAC a comptabilisé 40 000 entrées en 5 jours (dont 2 journées professionnelles, les 19 et 20 octobre). Si l'on a justement entendu quelques récriminations sur les difficultés d'accès (avec des tranches horaires rapidement épuisées), force est de constater que les avis sont à peu près unanimes sur le succès de la manifestation. Avec la venue de quelque 140 groupes d'institutions culturelles du monde entier et d'acheteurs issus du riche fichier d'Art Basel, les exposants ont dans l'ensemble bien vendu même si les prix stratosphériques observés à Bâle n'ont pas été atteints. « Un véritable tournant pour la communauté artistique en France » selon Clément Delépine, directeur de Paris+ ; « Un moment historique pour Art Basel » selon Marc Spiegler, directeur mondial d'Art Basel, qui vient de causer une grosse surprise en annonçant son départ. Les avis des organisateurs ont été corroborés par les déclarations publiques des galeries : « au-delà des attentes » pour Lisa Spellman (galerie 303) ; « elle devrait s'appeler Paris+++ » pour Lorenzo Fiaschi (Continua) ; « un succès pour nous » selon David Zwirner ; « sold out dès le premier jour » pour Loïc Garrier (Ceysson & Bénétière) ; « une fréquentation beaucoup plus internationale » pour Mathieu Paris (White Cube). Dans « l'engouement suscité par l'édition inaugurale » selon Serena Cattaneo Adorno (Gagosian), Marc Payot (Hauser & Wirth) a confirmé la montée en puissance de la capitale française sur le marché de l'art : « L'atmosphère est particulièrement inspirante alors que nous préparons l'ouverture de notre nouvel espace parisien pour l'année prochaine ». Il faudra affiner ce concert de louanges en vérifiant notamment si tous les segments du marché ont connu le même succès (le conceptuel et le minimalisme semblent avoir été moins plébiscités) et si l'on n'assiste pas à une forme de lissage des goûts, facilité par la dimension globale des collectionneurs d'Art Basel. En attendant la prochaine édition parisienne (gardera-t-elle le même nom ?), du 19 au 22 octobre 2023, voici un petit florilège des transactions observées, à différents registres de prix.
9 000 €
Ittah Yoda, Iris
Galerie Jérôme Poggi (Paris)
L’ère du symbiocène succèdera-t-elle à celle de l'anthropocène ? Le premier néologisme, inventé par Glenn Albrecht, fait allusion à l'époque où l’empreinte des humains sur la Terre sera réduite au minimum – une possible issue à l'époque géologique actuelle, caractérisée par la forte influence des hommes sur la planète. Le travail du duo Ittah Yoda soulève cette interrogation à travers leurs peintures, enduites de pigments prélevés dans le désert d'Arabie saoudite d'Al-Ula. Celles-ci sont ensuite revêtues d'impressions sérigraphique réalisées en collaboration avec l'atelier Michael Woolworth, animées par l'intelligence artificielle avant d’être rehaussées par leur geste…