Templon (D12)
L'œuvre monumentale du portraitiste américain Kehinde Wiley, actuellement à l'honneur à Orsay et à la Fondation Reiffers, happait tous les regards. À côté, une peinture de Michael Ray Charles engageait une réflexion sur de la place de la communauté afro-américaine dans la société, en empruntant une tout autre perspective – celle de la provocation et du questionnement à travers la réappropriation d’images. « Jamais nous n'avons vu un tel empressement, une telle excitation autour de l’ex-FIAC », affirme Anne-Claudie Coric, directrice de la galerie, qui avait placé des pièces de Charles pour des prix entre 140 000 et 200 000 euros, et cédé celle de Wiley pour 880 000 dollars.
A Gentil Carioca (F10)
La galerie brésilienne présente un solo show ensoleillé. Originaire d’une des favelas les plus pauvres de Rio, Maxwell Alexandre fait partie de la première génération d’artistes noirs à poursuivre des études grâce à l’introduction de quotas dans les universités brésiliennes au début des années 2000. Exposé en début d’année au Palais de Tokyo et cet hiver au Shed à New York, l’artiste joue dans son travail sur le mot « pardo », qui signifie en portugais à la fois couleur de peau métisse et le nom du papier qu’il utilise pour réaliser ses œuvres grands formats, dont le prix a été multiplié par 10 en 10 ans. Elles se vendent aujourd’hui entre 50 000 et 70 000 euros.
Lisson (D10)
Présentation 100% féminine chez la galerie britannique : récemment disparue, Carmen Herrera a droit à un focus en entrée de stand, tout en symétries noires et jaunes ; au fond, les grands panneaux dorés de la chinoise Yu Hong (278 000 euros pièce) consacrent des figures de déesses puissantes et hiératiques, entremêlant les mythologies chinoises et européennes. « Un certain nombre de collectionneurs que nous avons rencontrés à Frieze sont aussi présents à Paris +. Finalement, je pense que le fait que les deux foires se suivent sans temps de battement est une bonne chose ! », s’enthousiasme Victoria Mitchell, directrice de la communication.
KARMA International (E22)
Passez la tête dans le hublot de la cloison aubergine séparant en deux le stand de Karma International pour observer, tel un cabinet de curiosités surréaliste, les bouches féroces du Suisse James Bantone, 30 ans (Polite Lies, 2022, 3 000 euros) aux côtés des couples enlacés de la sculptrice américano-libanaise Simone Fattal, 80 ans. Dans le second espace de la galerie zurichoise, un impressionnant monolithe de Hans Josephson (1920-2012) à 300 000 euros côtoie une des très belles toiles en tissus mélangés de Małgorzata Mirga-Tas, première artiste Rom à représenter la Pologne à la Biennale de Venise 2022. « Hans Josephson fait partie de ces artistes qui ont émigré en Suisse et qui ont contribué à faire la réputation de la scène artististique de notre pays. Il est aujourd'hui peu présenté en foire, c'était donc important pour nous de le remettre sur le devant de la scène », détaille Géraldine Belmont.
LGDR (B15)
Conçu par l’architecte Olivier Dwek, le stand à l’atmosphère ronde et chaleureuse de la galerie s’ouvre sur un grand mobile de Calder, porté visuellement par un mur en forme de vague. À sa droite et à sa gauche, la pièce mouvante est entourée d’autres grands noms de l’art moderne : Cy Twombly, Lucio Fontana, Pierre Soulages (le grand format était déjà réservé), Günther Uecker (vendu à 850 000 dollars), Martial Raysse (vendu à 175 000 euros)…
Pace (D16)
Véritable caverne d’Ali Baba, le stand rassemble des pépites du XXe siècle (Motherwell, Fontana, Dubuffet…) à nos jours, dont un projet NFT signé par TeamLab. « Nous avons accueilli une base de collectionneurs beaucoup plus internationale que seule une marque comme Art Basel est capable de fédérer », nous confie Marc Glimcher, qui avait à la fin de la matinée cédé une huile sur toile de Robert Ryman (900 000 dollars), une sérigraphie d’Adam Pendleton (475 000 dollars), une sculpture de Kiki Kogelnik (165 000 dollars), une grande toile d’Hermann Nitsch (110 000 dollars) et deux Yoshitomara, entre autres.
Foksal (F6)
La scène contemporaine polonaise est bien représentée par la galerie, présente pour la première fois à Paris. Trois grandes œuvres de Malgorzata Mirga-Tas, première artiste tzigane/rom à porter l’histoire de son peuple devant les yeux du monde à la Biennale de Venise, qui raconte des histoires de famille en soulignant en particulier le rôle souvent sous-estimé des femmes au sein de cette communauté. La grande majorité des œuvres contemporaines (Karol Palczak et Agata Slowak) ont déjà trouvé acquéreur tandis que l’œuvre historique de Edwars Krasinski (1925-2004) serait plutôt destinée à une acquisition publique.
Victoria Miro (A16)
Construction de l’identité, diaspora africaine, femmes longtemps restées dans l’ombre, ce sont les thèmes qui traversent le stand de la galerie, engagée depuis plus de 25 ans sur ces thèmes. Trois hommes noirs, nus, qui regardent avec un air provocateur sont des portraits de la jeune artiste d’origine sud-africaine Kudzanai-Violet Hwami choisie en devanture du stand, tandis que derrière, Celia Paul, longtemps éclipsée par Lucian Freud, dont elle a été la muse et de qui elle a eu un fils, retrouve sa splendeur. Des visions à la fois engagées et intimes.