Voyez cette échauffourée sur les grands boulevards, cette foule grouillante qu’André Devambez se plaît à croquer avec célérité. La Charge titre de cette peinture à l’angle de vue vertigineux, conservée au musée d’Orsay. Prix de Rome, reconnu de son vivant, Devambez est tombé dans l’oubli. La rétrospective du Petit Palais remet en lumière cet artiste singulier, infiniment créatif qui étonne par la sagacité de son esprit oscillant entre humour et virtuosité technique. Et qui a peint Paris comme personne. Salles de spectacle agitées, métro déjà bondé, bus, automobiles, avions, voies ferrées, tout roule et vole avec dextérité. Ses compositions avec vue plongeante deviennent des métaphores de la révolution industrielle, tandis que ses personnages truculents, ses « Macrobes » devenus célèbres, traduisent son imagination débordante. Fils d’un éditeur, l’artiste baigne très jeune dans les images. Il mettra à profit son talent de dessinateur au Figaro illustré et à L’Illustration, tandis que son obsession de la méticulosité le conduit à réaliser ses « Tout-petits », tableautins miniatures qui, là encore, croquent son temps, sur le vif, en véritable reporter de la Belle Époque.
« André Devambez. Vertiges de l’imagination », Petit Palais, jusqu'au 31 décembre.
petitpalais.paris.fr