Le Quotidien de l'Art

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Ribera, le cri de la peinture

Ribera, le cri de la peinture

Après les expositions « Greco » et « Velázquez » organisées au Grand Palais respectivement en 2019-2020 et 2015, le Petit Palais consacre une rétrospective, la première en France, à Ribera. L’événement est à la hauteur de cet autre grand maître de la peinture du Siècle d’or espagnol. Né près de Valence en 1591, Ribera arrive à Rome en 1605 ou 1606. Il s’y impose d’emblée comme un des plus brillants peintres de la réalité, à la suite de la révolution opérée par le Caravage. En 1616, « lo Spagnoletto » – le « petit Espagnol » – s’installe à Naples où il règne sur la scène artistique jusqu’à sa mort en 1652. Pour son Apollon et Marsyas, Ribera s’inspire du récit des Métamorphoses d’Ovide. Vaincu, le satyre Marsyas qui a osé défier le dieu Apollon lors d’un concours musical, est condamné à être écorché vif ! Le peintre représente le supplice de manière saisissante. Les yeux révulsés, le satyre prend à témoin le spectateur tout en hurlant de douleur tandis qu’Apollon, le visage impassible, accomplit son office, tel un bourreau. « Pourquoi m’arraches-tu de moi-même ? », aurait crié Marsyas au dieu décidé à le punir pour son orgueil démesuré, jusqu’à qu’il ne soit plus qu’une plaie sanguinolente, à l’instar du soleil couchant perçant à travers le ciel et les nuages.

Article issu de l'édition N°2986