Entre Paris où les prix flambent, Londres qui panse les plaies du Brexit, les scènes allemande, italienne et espagnole morcelées entre plusieurs villes concurrentes, Bruxelles s’affiche comme capitale idéale d’une Europe de l’art. Alors que la folie meurtrière s’est emparée de l’Est, mesure-t-on suffisamment le bonheur de pouvoir se déplacer librement d’un pays à l’autre, d’exposer sans censure d’État, de ne pas avoir à obéir aux injonctions de la propagande et du patriotisme forcené ? Certes, d’autres diktats s’imposent – pression des réseaux sociaux, des normes de la société de consommation, des multinationales – qui peuvent nous faire penser que la démocratie est le pire des systèmes… à l’exception de tous les autres, pour reprendre le bon mot de Churchill. Bruxelles et son Gallery Weekend – en expansion continue, puisqu’il approche pour sa 15e édition des 50 participants – sont comme une vitrine de cette Europe ouverte, cosmopolite, sans frontière, douée de curiosité. Un modèle encore à perfectionner et qui subit actuellement ses attaques les plus dures – et pas que de l’extérieur de l’Union –, mais qui permet de nous échapper vers Alexandrie, Beyrouth, l’Indonésie, la Californie, de nous interroger sur le colonialisme ou les modes de transgression dans le Maghreb. On en reprendrait bien une dose !