Greta Meert
Jeff Wall en grand
Le photographe canadien (né en 1946) plonge dans ses archives de 1980 à nos jours à l’occasion d’une grande rétrospective, la première à lui être consacrée à la galerie depuis 1991. Répartie sur trois étages, elle examine le goût de l’artiste pour l’entre-deux et les passerelles entre les différents arts par le prisme de la caméra argentique, étudiant plus particulièrement les ambiguïtés de la création photographique. Certaines de ses photos-tableaux (Monologue (2013), Listener (2015), Event (2020)) jouent de la présence d’éléments narratifs et de l’absence d’autres, comme ce cliché d’une confrontation entre deux hommes, dont on ne connaît pas le motif de dispute, laissant au spectateur le soin d’inventer son propre scénario…
« Jeff Wall », jusqu'au 29 octobre
13, rue du Canal
galeriegretameert.com
Baronian
Voyage et nuages
La galerie met en lumière dans ses deux espaces des artistes de la même génération, Toufan Hosseiny (née en 1988) et Xavier Mary (né en 1982). La première dévoile sa série Clouds, voyage méditatif composé de dessins brodés sur tissu, dont les motifs répétitifs s’inspirent de l’observation des nuages et des battements des corps et du monde, tandis que le second présente, avec Black Hole Sun, de grands Bouddhas colorés presque fluorescents, réalisés peu après un séjour au Cambodge et en Thaïlande. Confrontant spiritualité et traditions millénaires à ses propres interrogations sur les effets de la mondialisation et les excès des nouvelles technologies en Asie du Sud-Est et ailleurs, Xavier Mary adresse une vision critique et inquiète d’un présent futuriste.
« Uncontrolled Bodies » et « Black Hole Sun », jusqu'au 8 octobre
2, rue Isidore Verheyden
33, rue de la Concorde
baronian.eu
Jan Mot
De l'Italie au Moyen-Orient
Jan Mot déploie des expositions à ses deux adresses : l'une convoquant l’artiste multimédia allemande Andrea Büttner (née en 1972) et l'autre sur le cinéaste et photographe documentaire belge Sven Augustijnen (né en 1970). L’installation in situ Painted Ceiling and Floor d’Andrea Büttner s’approprie pleinement la galerie en intégrant au plafond neuf toiles, combinées avec un sol bicolore. Inspirée par l’expérience visuelle et spatiale de l’observation des fresques italiennes, notamment celles de Giotto, et par la modification de l'espace d'exposition par l'introduction de couleurs et de motifs, elle y lie la théorie via l'essai Grids de Rosalind Krauss, étudiant le pouvoir évocateur de la grille dans l’art moderniste. Sven Augustijnen ausculte de son côté les relations entre les cartes et leur dimension géopolitique, en s’appuyant sur des photographies de cartes de guerre, archéologiques ou géographiques du Moyen-Orient, publiées dans le Time entre 1942 et 1969.
« Andrea Büttner, Painted Ceiling and Floor », jusqu'au 29 octobre
10, place du Petit Sablon
« Sven Augustijnen, Maps of the Middle East (1942-1969) », jusqu'au 19 septembre
Espace Lempertz, rue du Grand Cerf / Grote Hertstraat 6
janmot.com
Rodolphe Janssen
Entrer dans la danse
Programmation 100 % féminine sur la rue de Livourne ! Puisant dans la méthode des lieux, dispositif mnémotechnique destiné à perfectionner l'acte de rappel cognitif et notre mémoire, Louisa Gagliardi (née en 1989) se fait l’exploratrice des architectures mentales avec Around the Clock, superposant sur des panneaux de PVC des silhouettes fantomatiques réalisées numériquement. Cornelia Baltes (née en 1978) trouve quant à elle dans les abeilles le fil rouge de sa première exposition chez Janssen, Waggle dance, terme faisant référence à leurs mouvements pour communiquer entre elles. Usant d’une palette aux pigments vifs (les couleurs des fleurs attirent et dirigent les abeilles en pleine nature), la peintre témoigne de ses observations botaniques dans de grands formats au croisement du figuratif et de l’abstrait.
« Around the Clock et Waggle dance », jusqu'au 22 octobre
35, rue de Livourne
rodolphejanssen.com
Xavier Hufkens
Hommage à Frank Walter
Alors que son espace historique a rouvert ses portes en juin dernier, la galerie dédie à Frank Walter (1926-2009) une rétrospective, la première à être proposée en galerie depuis le décès de l’artiste originaire d’Antigua (Caraïbes). Descendant à la fois d’esclaves et d’esclavagistes, le Caribéen a fait de la question de la place de l’Homme noir dans le monde post-colonial le cœur battant de son œuvre. L’exposition mêle des œuvres figuratives et abstraites reflétant ses engagements socio-politiques, la dureté de son expérience de vie en Europe, et son attrait pour les astres et la nature.
« Frank Walter’s chessboard », jusqu'au 22 octobre
107, rue Saint-Georges
xavierhufkens.com
Irène Laub
Au-delà des frontières
Six artistes internationaux sont rassemblés chez Irène Laub autour de la thématique de la frontière (géographique, mentale, symbolique...). Se côtoient une sculpture de Rui Calçada Bastos évoquant le souvenir et la résistance à l’oubli, des dessins d’Eirene Efstathiou questionnant les frontières entre espace public et domestique, une installation textile en pans de lin ajourés de Lucile Bertrand abordant l'histoire des frontières belges, et des cartes de Michèle Magema témoignant de l’évolution des villes du Congo depuis la fin de la colonisation. L'ensemble est complété par une série de dessins inédits de Pedro A.H. Paixão explorant la notion de frontière naturelle, et un ensemble de photographies et sculptures de Younes Baba-Ali portant sur les modes subtils de transgression dans la société marocaine.
« Le pas suspendu », jusqu'au 29 octobre
29, rue Van Eyck
irenelaubgallery.com
Stems
L.A. dans la peau
Le Californien d’origine indonésienne Aryo Toh Djojo (né en 1984) situe au centre de sa pratique la ville de Los Angeles, où il a grandi et réside. Avec l’aérographe acrylique, cet admirateur de John Baldessari et d’Edward Ruscha peint sur petits et moyens formats ses visions fantasmées et hallucinées d’une cité des anges reconnaissable à ses palmiers et ses couchers de soleil orangés, mais déroutante par la présence dans le ciel brumeux du matin d’ovnis, dont l’artiste apprivoise la mythologie visuelle depuis plusieurs années. Sa seconde exposition personnelle avec Stems se tourne sur la culture skate, qu’il explore avec malice dans des toiles-rébus toujours réalisées à l’aérographe.
« Aryo Toh Djojo : Solo Exhibition », jusqu'au 12 novembre
4, rue du Prince Albert
Patinoire Royale | Galerie Valérie Bach
Sauver la planète
Comment contenir les ravages du réchauffement climatique ? L’action doit être collective…et surtout immédiate. Depuis 1992, le duo Lucy et Jorge Orta aborde dans son travail des enjeux ancrés dans des réalités très concrètes, en répondant de manière performative aux défis sociaux et environnementaux (eau, climat, migration, biodiversité...). Ils ont ainsi créé une œuvre-machine permettant de dépolluer l’eau (Purification Unit, 2020) ou organisé des événements-repas luttant contre le gaspillage alimentaire (70 x 7, The Meal, 2000). Ce regard rétrospectif sur leurs créations se penche sur l’urgence écologique sous différents prismes : l’évolution des espèces, la terre face aux dérives du progrès, ou la biodiversité, abordée dans de nouvelles pièces de leur série Amazonia.
« Vita Extremis », jusqu’au 11 novembre
Rue Veydt 15, 1060 Saint-Gilles
prvbgallery.com
Bernier/Eliades
Lumière et géométrie
On pourrait comparer les peintures abstraites de Monique van Genderen à des mille-feuilles dont il faudrait éplucher les strates afin d'en apprécier toute la complexité. Inspirée par la lumière californienne, l'artiste travaille la qualité de la surface et de la couleur en alternant à des plans plats des taches de pigment (parfois appliquées sur d'autres teintes afin de créer des couches scintillantes et translucides), ainsi que des traces de pinceau gestuelles ou des traits minimalistes. Volontairement expérimentale, la démarche de l'artiste canadienne fait appel à une diversité de techniques, comme la détrempe à l'oeuf, la cire sur papier ou les émaux sur argile.
« California Painting: Fire, Air & Water », jusqu'au 17 décembre
Rue du Châtelain, 46 1050 Ixelles
Maruani Mercier
Retour aux sources
D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Paul Gauguin posait déjà cette suite questions existentielles en 1897 dans la toile du même nom. L'artiste émergent Johnson Eziefula (né en 1998) s'intéresse à l'une d'entre elles, celle des origines, suite au décès de son frère. Dans une série de portraits sombres et sensibles, ponctués de références à des oeuvres littéraires africaines, le jeune platicien nigérian entreprend une réflexion aigre-douce sur son passé et les circonstances ayant mené à sa situation actuelle.
« Johnson Eziefula », jusqu’au 22 octobre 2022
Av. Louise 430, 1050
maruanimercier.com
Nosbaum Reding
Perception ou vérité ?
Assemblées à partir de médiums, formes et motifs familiers, les sculptures composites de l’autrichien Christoph Meier remettent en cause notre rapport au monde. L’artiste dévoile ainsi une réalité multiple et complexe, témoignant de la mobilité de nos repères et de la diversité d'approches à la vérité. Une réflexion formelle et conceptuelle incarnée par un langage visuel épuré et élégant, déployé aussi bien à la galerie que dans le cadre l'exposition « Sculpture Factory », où les sculptures de sa série intitulée Moby investissent l’univers industriel de l’ancienne imprimerie de billets bruxelloise.
Rue de la Concorde 60A, 1050 Ixelles