Jusqu'au 7 août, sur les grilles du Luxembourg, 42 portraits inédits d'une frontalité implacable viennent extraire le passant de son oisiveté pour lui rappeler les événements tragiques de l'année 1942, marquée par une brusque aggravation des persécutions à l'égard des juifs. Pour les commémorations du 80e anniversaire de la Rafle du Vél d'Hiv (connue pour son ampleur funeste, 13 152 personnes sont arrêtées dont 4115 enfants), le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), en partenariat avec le Sénat, a tenu à monter un projet spécial épaulé par un comité scientifique composé d'associations et d'institutions mémorielles parmi lesquelles l'UNESCO et l'Œuvre de secours aux enfants. Pour la co-commissaire Marie-Sarah Seeberger, « ces photos accrochent le regard des passants, à moins que cela ne soit l’inverse... Qui regarde qui ? Que perçoit l’un de l’autre ? Il est de la responsabilité de chacun de se rappeler ceux qui ne sont jamais revenus ». Le photographe Luigi Toscano (artiste pour la paix de l'UNESCO) a sillonné la France à la rencontre de survivants de la Shoah, de déportés des camps, mais aussi d'enfants cachés et d'enfants de déportés. Les visages des témoins (certains familiers comme Ginette Kolinka, Esther Senot, Élie Buzyn — disparu il y a peu — et d'autres moins connus comme Francine Roos, originaire de Strasbourg, les sœurs Josette Melinon et Blanche Chauveau, de Libourne, ou Jean-Paul Rosner de Lyon) sont marqués par le temps et les épreuves mais révèlent par touches leur coquetterie et leur grande générosité. Tous rappellent à notre souvenir les êtres chers disparus, évanouis dans l'atrocité des rafles et des assassinats arbitraires. Ils semblent rayonner du surplus de vie qu'ils portent en eux et qu'ils confient savamment en héritage à des générations d'élèves, et ici, durant le temps de l'exposition, aux Parisiens.
« Lest we forget - N'oublions pas », du 9 juillet au 7 août, exposition en libre accès sur les grilles du jardin du Luxembourg.
lestweforget.crif.org