Depuis plus de cinquante ans, Ernest Pignon-Ernest, considéré comme le pionnier de l’art urbain, explore les lieux de vie des grands poètes qu’il admire pour leurs combats comme Maïakovski, Genet, Rimbaud ou Pasolini. Dès 1972, les murs des villes deviennent pour lui un terrain d’exploration et de rencontres pour évoquer la mémoire enfouie, oubliée. L’exposition, orchestrée par Jean de Loisy dans l’ancien couvent des Capucins, dévoile des œuvres qu’Ernest Pignon-Ernest n’avait jamais montrées, parmi les iconiques. Il a généreusement ouvert la porte de son atelier pour élargir le choix de la connaissance des dessins et croquis, ceux qui racontent les luttes et engagements. L’humain, au cœur du projet, se déploie dès l’entrée de l’exposition avec Ecce Homo VII de 2012, un corps vivant mais déjà imprégné par la mort. Le corps, récurrent dans sa pratique, déroule l’histoire contemporaine avec ses combats contre l’apartheid (1974), pour la libéralisation de l’avortement (1974), l’immigration (1975) ou la pandémie du sida en Afrique du Sud (2002). En inscrivant des dessins à la pierre noire ou des sérigraphies à Naples en 1990, Pignon-Ernest questionne les mythes de la ville pendant huit ans. Le dialogue avec la peinture caravagesque donne à ses images, nées des lieux, l’identité d’un poète ou la compréhension d’un combat. Ses œuvres photographiques, documents précieux de ses installations, restituent l’émotion suscitée par ses collages.
« Ernest Pignon-Ernest », jusqu'au 15 janvier 2023, Fonds pour la culture Hélène & Édouard Leclerc, 29800 Landerneau.