Le titre – « Je est un autre » - est une belle phrase de Rimbaud, à qui Pignon-Ernest a souvent rendu hommage : son image du poète orne d’ailleurs le coffret des œuvres complètes dans la Pléiade... Ici, dans l'exposition présentée à Venise pendant la Biennale, il s’agit de se pencher sur d’autres voix de poètes souvent malmenés, pourchassés, étrangers chez eux et ailleurs, et pourtant universels. À côté de Genet ou Pasolini, voici apparaître deux nouveaux visages féminins. L’un est très connu et figure au panthéon russe et mondial : Anna Akhmatova (1889-1966), personnalité magnétique, qui fascinera aussi bien Modigliani que Joseph Brodsky et que Staline n’osera pas faire disparaître. L’autre l’est beaucoup moins (sauf dans son pays, où elle jouit d'un véritable culte) : c’est pourtant une trajectoire tout aussi incandescente, tranchée par un accident de voiture à l’âge de 32 ans, que celle de l’Iranienne Forough Farrokhzad (1935-1967), femme libre, poétesse mais aussi peintre, actrice, cinéaste, auteur d’un court-métrage sur la vie des lépreux, La Maison est noire…
Espace Louis Vuitton Venise, jusqu’au 12 janvier.
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