NFT : cet acronyme, il y a encore cinq ans, ne disait rien à personne. Aujourd'hui encore, le fonctionnement de ces non-fungible tokens (jetons non-fongibles en français), titres de propriété d'objets achetés en cryptomonnaies et rattachés à une identité numérique sur la blockchain (base de données cryptées par « blocs », sans autorité centrale, ndlr), reste cryptique pour beaucoup. Si les œuvres d'art ne représentent qu'une infime partie des NFT (lire l'Hebdo du 10 septembre 2021), la sphère artistique se déchire entre les pour et les contre. Avec en ligne de mire l'éventualité d'un crash provoqué par la chute des cryptomonnaies. D'après le Wall Street Journal, les ventes de NFT auraient chuté de 90 % depuis septembre 2021, tandis que l'artiste Takashi Murakami, ce 8 juin sur Twitter, s'est dit « désolé » auprès des investisseurs crypto suite à l'impressionnante dégringolade de ses Flowers, dont l'estimation est passée de 260 000 à 2200 dollars en un an... Mais le marché est trop fluctuant pour signer déjà l'arrêt de mort des NFT. Certaines galeries qui d'abord les boudaient s'y sont mises, quoique avec prudence, comme la géante Pace, avec Verso, une plateforme dédiée. Tandis que d'autres expriment un profond rejet, comme Constantin Chariot, directeur de la Patinoire royale/galerie Valérie Bach, à Bruxelles, qui dans La Libre Belgique n'y voit qu'« un produit financier criminel et spéculatif, conçu par des escrocs sans scrupule »...
Expérimentations et professionnalisation
Qu'en est-il des artistes ? Beaucoup s'interrogent sur la technologie elle-même. Professeur à l'ITP de l'Université de New York, membre du F.A.T. Lab et gestionnaire de communauté pour openFrameworks, l'artiste Kyle McDonald travaille avec le code depuis plusieurs années et explore les différentes possibilités qu’offrent les nouvelles technologies. C’est assez logiquement qu’il s’est tourné vers les NFT afin d’en interroger les possibilités et les limites, mais aussi pour comprendre comment ils affectent la société. En 2021, son projet « Ethereum Emissions » pointait la consommation d’énergie des cryptomonnaies. Le street artist Rero joue lui aussi depuis plusieurs années avec l’esthétique du Web et le langage informatique en utilisant dans beaucoup de ses travaux la police Verdana. En avril dernier, l’artiste a mis en vente pour un Ether…