Depuis le 24 février 2022, le monde de l'art s'est mis en ordre de bataille pour apporter son soutien aux artistes ukrainiens touchés par l'invasion russe (lire le QDA du 31 mars). La biennale de Venise, hantée par le spectre de la guerre, fut l'occasion de se rassembler autour d'un certain nombre d'acteurs et actrices de l'art en Ukraine, avec en point d'orgue l'apparition quasi-fantasmatique du président Volodymyr Zelensky, décidément sur tous les fronts. Si depuis le début du conflit, de nombreux artistes ukrainiens, mais aussi russes dissidents, résistent tant bien que mal, les marchands d'art de chacun de ces pays ont vu leur activité réduite à néant. Rapidement, des initiatives ont vu le jour pour les soutenir – surtout côté ukrainien. Ainsi, début mai, l'édition new-yorkaise de la foire TEFAF (qui par ailleurs soutient la restauration des monuments détruits via le TEFAF Museum Restoration Fund) a lancé une « initiative en solidarité avec l'Ukraine ». L'idée : demander aux marchands présents de faire don d'une partie de la vente d'une ou plusieurs œuvres cédées pendant la foire au programme d'intervention d'urgence culturelle du Prince Claus Fund, partenaire de TEFAF. Une initiative reconduite en ce mois de juin pour TEFAF Maastricht. Au même moment, une foire en ligne, conçue avant la guerre, était lancée par une start-up ukrainienne, V-Art. EDAF (European Digital Art Fair) a rassemblé tout le long du mois de mai des artistes de 43 pays, vendant des œuvres numériques – certaines sous forme de NFT –, et a permis ainsi de toucher un vaste panel de collectionneurs internationaux.
Repartir de zéro
À New York et Maastricht, comme dans les allées d'Art Basel qui ouvre le 16 juin, aucune galerie russe ni ukrainienne (qui y sont généralement rares) n'est présente. La foire satellite bâloise Liste, en revanche, accueille deux enseignes de Kyiv : Voloshyn et The Naked Room. La première expose également dans les vitrines de la galerie Maïa Muller, à Paris. Le 29 avril, la galeriste parisienne a inauguré l'œuvre multimédia As far as possible de Nikolay Karabinovych, jeune artiste né à Odessa qui vit entre Kyiv et Gand, en Belgique. L’initiative, intitulée « A window on the Voloshyn Gallery in Ukraine », a mis un peu de temps à se mettre en place. Maïa Muller explique sa démarche : « Avec mon compagnon l'artiste Damien Deroubaix, nous nous demandions comment aider et nous nous sommes dit qu’il est souvent plus aisé d’agir dans son propre domaine d’expertise. J’ai contacté la galerie…