Le Quotidien de l'Art

Art et artisanat : de quoi la forme est-elle le nom ? 

Art et artisanat : de quoi la forme est-elle le nom ? 
L'artiste Wang Keping à l'oeuvre dans les jardins du Musée Rodin de Paris.
© agence photographique du musee Rodin - Jerome Manoukian.

Partout, des expositions font la part belle aux pratiques artisanales, la céramique en tête, tendant à rééquilibrer le traditionnel rapport hiérarchique entre art et artisanat et à redessiner la figure de l’artiste. Effet de mode ou mouvement de fond ?

Au milieu du jardin du musée Rodin, une silhouette s’affaire autour d’un immense bloc de bois. Autour, un attroupement de curieux attentifs et fascinés. Jusqu’au 5 juin, l’artiste chinois Wang Keping sculpte en plein air. Devant nos yeux, son corps, ses mains sont au travail, dans un investissement total. Son geste transforme la matière, un geste qu’il ne déléguerait à personne d’autre, d’autant que dans la Chine traditionnelle puis communiste, les sculpteurs, à l’inverse des calligraphes, sont restés inconnus car considérés comme de simples artisans. « Pour moi, un bon artiste doit être aussi un artisan, il doit pouvoir utiliser ses mains, connaître les matériaux et les outils », revendique-t-il, précisant : « Il n’y a que moi qui sait à quel endroit je ponce, avec quelle force, quelle légèreté. Ce qui crée mon langage artistique, c’est mon ressenti unique dans la matière. » Et lorsqu’il concède déléguer au fondeur pour les bronzes, c’est une attention de tous les instants, des allers-retours à l’usine incessants.

Même démarche pour l’artiste Jean-Marie Appriou, qui explique l’importance de connaître les techniques, afin que rien ne lui échappe : « Je sculpte toutes mes pièces en argile moi-même. Mes assistants n’interviennent que sur le moulage. Je me suis toujours senti artiste et non artisan, car je ne répète pas un geste mais j’invente, j’expérimente. Mais c’est parce que j’ai appris moi-même et pratiqué toutes les techniques nécessaires à mes œuvres que je me suis ensuite autorisé à faire appel à des artisans pour collaborer avec eux car je pouvais parler leur langage et créer un échange constructif. Et ils sentaient que je respectais leur travail. » 

Peut-on définir une œuvre d’art sans prendre en compte sa part d’artisanat, ce supplément d’âme intégré dans la matière ? Est-ce juste de postuler que la forme est le fait seulement de la main ou de l’idée ? N’est-ce pas toujours une alliance bicéphale harmonieuse et consentie ? C’est cette question brûlante qui est au cœur de l’affaire qui oppose actuellement l’artiste Maurizio Cattelan à celui qui a sculpté ses œuvres, l’artiste Daniel Druet, deux fois Prix de Rome, qui…

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