C'est une existence bien cabossée que celle de Patrick Procktor (1936-2003), remise au goût du jour par une exposition à l'automne 2020 chez Loeve & Co, rue des Beaux-Arts, et relayée par divers confrères dont Roxana Azimi dans le Mag du Monde. Véritable wonder boy de la jeune scène anglaise du début des Sixties, il se vend alors mieux que son copain David Hockney, anime toutes les soirées déjantées en imitant la princesse Margaret, fréquente aussi bien Cecil Beaton que Gilbert & George, Derek Jarman ou le génie de la mode Ossie Clark, assassiné en 1996 par son amant. Violence et tragédie suivent d'ailleurs Procktor à la trace : son propre petit ami meurt noyé, son épouse décède brutalement et lui-même sera accusé d'avoir tenté d'assassiner sa mère... avant de sombrer définitivement dans l'alcool et de mourir en véritable épave. Reste son œuvre qui, par certains aspects, a une ressemblance frappante avec celle de David Hockney, qui connaîtra la réussite que l'on sait. De son côté, Procktor tombe aux oubliettes mais la question est entêtante : à l'image de Picasso et Braque, les deux auraient-ils travaillé à quatre mains ou signé des œuvres de l'autre ? Le fait que les ayants droit n'aient pas autorisé la reproduction d'œuvres dans la biographie de Fabrice Gaignault, nourrie de nombreuses interviews, alimente le fantasme...
À voir : exposition jusqu'au 28 mai chez Loeve & Co, 16, rue de Montmorency, 75003 Paris
À lire : Patrick Procktor, le secret de David Hockney, par Fabrice Gaignault, Séguier, 2022.