Andreï Molodkin ne fait pas dans la dentelle : sculptures gigantesques, dessins monumentaux au stylo Bic, œuvres remplies de sang humain ou de pétrole... Son travail est imprégné de la violence du monde et pour partie évoque une esthétique post-socialiste assez peu subtile. L'artiste et architecte de 56 ans, qui fut soldat de l'armée soviétique de 1985 à 1987 avant de représenter la Russie à la Biennale de Venise en 2009, est installé depuis 2013 dans le petit village de Maubourguet, dans les Hautes-Pyrénées. Là, il a installé dans une ancienne fonderie un lieu de production et de résidence pour artistes de 4 500 m2, sobrement baptisé The Foundry, où sont venus travailler notamment Erik Bulatov, Pyotr Pavlensky ou Andres Serrano. Fervent détracteur du gouvernement russe – son pavillon vénitien était une critique directe de la guerre en Tchétchénie –, Andreï Molodkin manifeste depuis les débuts de l'invasion de l'Ukraine son opposition à la guerre : il a récemment réalisé un portrait de Vladimir Poutine à partir, selon lui, de sang de personnes ukrainiennes. Aujourd'hui, l'artiste a décidé d'ouvrir The Foundry aux artistes, mais aussi aux scientifiques, musiciens et autres créateurs russes menacés par le régime poutinien. « Aucune institution culturelle ne peut refléter cela, a-t-il déclaré à Artnet. C'est une guerre politique, et les artistes qui peuvent communiquer comme Picasso l'a fait avec Guernica peuvent changer le monde. »