En contrebas de la propriété où vécurent et travaillèrent pendant plus de quinze ans les artistes Anna-Eva Bergman et Hans Hartung, la toute dernière pièce accessible au visiteur a été baptisée « le tombeau ». Par un contraste glaçant, elle vient jeter une ombre douloureuse sur un parcours baigné de lumière. Dans ce cabinet de curiosités niché au creux d’un mastaba au blanc éclatant se trouvent des fétiches, sagement rangés sur des étagères : la jambe prothèse de Hartung (celle d’origine a été arrachée en 1943 alors qu’il est engagé dans la Légion étrangère), son ours en peluche, réplique de celui qu’il serrait dans son enfance, les pierres chéries collectionnées par Bergman, mais aussi l’urne funéraire et le dernier tableau de chacun…
1994 : la Fondation
Demi-tour et le visiteur retrouve la lumière – et l’oxygène – de cette architecture moderniste émergeant en pleine nature, à flanc de colline, sur les hauteurs d’Antibes. Les deux artistes vécurent là à partir de 1973 – Bergman meurt en 1987, Hartung en 1989. Depuis 1994, villa et ateliers accueillent la Fondation Hartung-Bergman qu’ils avaient appelée de leurs vœux pour la préservation et la diffusion de leurs œuvres respectives. Ses frais de fonctionnement, de 1,5 à 2 millions d’euros par an, sont assurés par la dotation originelle, mais aussi la vente d’œuvres, au compte-gouttes – la privatisation d’espaces est limitée, car le patrimoine est fragile et le lieu intime. Les missions de la Fondation : conserver les fonds d’œuvres de Hartung et Bergman (toiles, œuvres sur papier, estampes et photographies dont le nombre total, à quatre chiffres, reste confidentiel), et leurs archives…