(Sur)réalisme magique
Jacopo Pagin, Guimi You / Make Room Los Angeles
Née en 1985 à Séoul, Guimi You a été formée au portrait et au paysage coréens à l’Université nationale de Séoul, avant d’étudier la peinture au Royal College of Art à Londres. Ses deux spécialités se révèlent dans ses toiles, où des paysages rêveurs sont cristallisés grâce à un travail sur la couleur inspiré des teintes de ses esquisses numériques réalisées sur iPad. Entre rêve et réalité, ses œuvres sont teintées d’un réalisme magique, tout comme les créations de l’Italien Jacopo Pagin, exposé à ses côtés. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Venise et de l'école d'art LUCA à Bruxelles, Jacopo Pagin évoque dans ses toiles l’héritage du « colorito » vénitien, technique de la Renaissance dans lequel la couleur est utilisée afin d’ajouter une dimension sensuelle à l’œuvre. Le choix de ses sujets – par exemple, un œuf de serpent, dont la forme et la transparence ne sont pas sans rappeler celles d’une boule de cristal – démontre l’influence qu’ont sur lui des artistes surréalistes tels que Leonor Fini et Cocteau.
Le destin des dessins
Jochen Gerner, Stéphanie Saadé / Galerie Anne Barrault
« Si nous avons réuni ces œuvres, c’est parce qu’elles sont traversées par l’expression des distances physiques et temporelles », explique la galerie Anne Barrault à propos des deux artistes qu’elle met à l’honneur. Pour Jochen Gerner, la distance physique est induite par le téléphone qu’il tient dans une main, tandis que, de l'autre, il peint et remplit de dessins les pages d’un carnet, gardé en permanence sur le bureau de son atelier afin d’accompagner ses conversations téléphoniques. Ces feuilles saturées de petits croquis et de bouts de phrases se présentent à nos yeux comme autant des rébus et labyrinthes creusés par la pensée de l’artiste. Les œuvres de Stéphanie Saadé abordent différemment la question de la distance – physique, mais aussi temporelle – qu’elle matérialise de façon métaphorique. Ainsi, un document d’assurance voyage périmé et chiffonné prend une toute autre valeur dès lors qu’elle en repeint les plis avec de l’or de 24 carats, tandis qu’un rouleau à pâtisserie, gravé des coordonnées géographiques des membres de sa famille, témoigne que, tout compte fait, destin et festin ne font qu’un.
Nature et culture
Trevor Shimizu / La Maison de Rendez-Vous
À 44 ans, Trevor Shimizu a déjà connu mille vies : alternant entre production artistique et petits boulots depuis ses débuts à la fin des années 1990, ce Californien d’origine japonaise, résident de Long Island (New York), infuse dans sa création ses expériences personnelles, et arpente dans ses toiles et installations les territoires du « je », souvent par le prisme des représentations de l’homme asiatique dans l’art et la pop culture de ces cinquante dernières années. La place de l’artiste dans la société et sa perception par ses contemporains, ainsi que son goût de l’auto-référencement, demeurent au cœur de ses réflexions. La série présentée à Art Brussels par La Maison de Rendez-vous (le lieu associe trois galeries : LambdaLambdaLambda de Pristina, Park View / Paul Soto de Los Angeles, et MISAKO & ROSEN de Tokyo, qui représente Shimizu depuis 2008) révèle une nouvelle facette de sa carrière, dévouée aux paysages de ses souvenirs en provenance de la rivière Hudson, du Connecticut et du Westchester Country.
Signaux sociaux
Denicolai & Provoost / LMNO
Le duo italo-belge Denicolai & Provoost, actif depuis le milieu des années 1990, a la question sociale chevillée au corps : investissant des territoires artistiques variés (installations, performances, vidéos), puisant dans l’architecture et les objets du quotidien, il questionne la relation de l’être à l’art, provoquant des situations où l'absurde n’est jamais très loin et où les frontières entre privé et public apparaissent brouillées. La galerie LMNO présente une toute nouvelle série du binôme produite par Le Centre de la Gravure et de l'Image imprimée (CGII) de La Louvière, dans le cadre du programme Résidences (dédié à la pratique actuelle des arts imprimés favorisant une rencontre durable entre artistes et public). « Comme souvent dans leur travail, cette série est teintée d'humour et présente différents niveaux de lecture, détaille Natacha Mottart, directrice de la galerie. C'est un langage assez universel, tant pour le support, qui est un objet que l'on rencontre de manière quotidienne (panneaux de signalisation), que dans le dessin. »
Images d’imaginaires
Afra Eisma, Sam Samiee / No Man’s Art Gallery
La galerie amstellodamoise présente deux jeunes artistes connectés par leur intérêt pour la couleur et la narration visuelle. Née en 1993, Afra Eisma est diplômée de l’Académie royale des arts de La Haie et de la Central Saint Martin’s à Londes. Son œuvre multiforme s’intéresse à des savoir-faire artisanaux, dont elle mêle les techniques afin de créer des sculptures vivantes. Tissu, céramique et peinture se rencontrent pour former des personnages imaginaires à mi-chemin entre le monde des adultes et celui des enfants. Cette légèreté et dimension féérique lie son travail à celui de Sam Samiee, artiste iranien né en 1988 et basé à Téhéran et Berlin. Ancrées à la fois dans l'héritage de la culture perse et celui de l'art occidental, ses peintures font dialoguer ces deux univers. Psychanalyse et personnages mythiques se répondent dans des toiles aux couleurs éclatantes.
-> Une exposition de la section sera récompensée par le prix DISCOVERY, soutenu par Moleskine et doté de 5 000 euros.